https://www.terraeco.net/spip.php?article13858
Homme-femme : qui est le plus écolo ?
mercredi, 24 novembre 2010 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

La sensibilité à l’écologie dépendrait du taux de testostérone et d’œstrogènes. En tout cas, plusieurs enquêtes montrent que la femme est plus soucieuse de l’environnement et des générations futures. L’avenir de la Terre se conjuguera-t-il au féminin ?

Les hommes chassent le bison, les femmes épouillent la descendance tout en zieutant le feu. Depuis le néolithique, la répartition des tâches est plutôt solidement ancrée dans le semainier. Appliquée à l’écologie, ça donne : môssieur part à l’assaut de technologies innovantes tandis que mâdame tente de préserver l’existant tout en recréant du lien social.

L’écologie dépend-elle du taux de testostérone et d’œstrogènes ? Choyer la planète et les générations futures dépend-il d’attributs féminins ou masculins ? Avouez-le, une petite loupiote s’est allumée en vous et chuchote : « L’écologie est féminine. » Si le doute subsiste encore sur le sexe des anges, les choses semblent beaucoup plus simples en matière d’écologie. Dans Solutions locales pour un désordre global, film de Coline Serreau, Vandana Shiva, prêtresse indienne en lutte contre la biopiraterie, le formule sans ambages : « La terre, c’est la fertilité, la fertilité, c’est la féminité, la rondeur, la vie. » Et qui donne la vie dans un couple ? Jusqu’à présent, ce sont les femmes. A défaut d’offrir la parité sur la fiche de paie, cette attache place les femmes à l’origine de la vie, ce qui les rend encore plus sensibles à tout ce qui la menace.  

Pas de classe affaires

L’absence de parité serait donc l’alliée de la lutte contre le changement climatique. Un mal pour un bien. On s’explique : comme les femmes détiennent moins de pouvoir, elles se la jouent moins Barbara Gould et ne sautent pas en classe affaires à la première fusion-acquisition venue. Pour aller chercher les nains à l’école, elles roulent en citadine et pas en grosse berline. « Grâce » aux inégalités économiques et sociales chroniques dont elles sont victimes, les femmes ont un moindre impact sur l’atmosphère.

Même au fond de l’assiette, le clivage homme-femme est essentiel. Les femmes font la cuisine, certes, mais elles bâfrent moins de viande que les hommes. En Europe, l’assiette masculine contient jusqu’à 150 g de barbaque par jour, contre 90 g seulement dans celle des filles. Et sans être anorexiques ni obsédées par les régimes, rares sont les nénettes qui suivent une diète alimentaire exempte de légumes. D’après l’Insee, lorsqu’elles vivent seules, les femmes consacrent 10 % de leurs dépenses alimentaires à l’achat de légumes, contre 7 % pour les hommes dans la même situation.

Moins de pinaillage

Ah oui, on oubliait : les femmes font les courses. Ce sont donc elles qui choisissent les produits verts, bio, équitables, respectueux de la planète et de la santé de la famille. Enfin quand elles peuvent se les offrir. Selon une étude du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les Françaises sont 67 % à repérer facilement les produits AB contre 62 % d’hommes, et même, 48 % à détecter les produits fabriqués localement contre 42 % des hommes (1). Un rapport des Nations unies sur « les femmes, la population et le climat », publié en novembre 2009, confirme qu’au niveau mondial, les femmes dotées d’une progéniture seraient plus sensibles aux arguments en faveur de la santé environnementale.

Par ailleurs, une autre étude confirme que ces dames seraient plus promptes à accepter le consensus autour des changements climatiques. Est-ce que les filles seraient moins propices à l’engueulade ? Sans aller jusque-là, disons qu’elles sont moins disposées au pinaillage intellectuel quand un danger imminent se profile. Le sens de l’urgence, quoi. —

(1) Enquête sur les attitudes et comportements des Français en matière d’environnement, réalisé par le Credoc à la demande de l’Ademe, octobre 2010.


SOMMAIRE

ENQUÊTE La femme, un animal vert pas comme les autres Certaines études l’affirment. Quelques courants philosophiques aussi. Le mariage de l’écologie et du féminisme est fait pour durer. Débat.
QUIZ Chez vous, qui porte la culotte verte ? Déchets, transports, consommation… Qui s’en occupe ? Qui s’en préoccupe ? Vous ou votre conjoint(e) ? Notre questionnaire vous permet d’y voir plus clair.
EXCLUSIF 24 heures chrono : votre bilan carbone Français et Françaises, voici dévoilées vos émissions de carbone, du réveil au coucher. Un calcul exclusif pour « Terra eco ».
PORTRAIT La franc-tireuse de la planète Présidente du Fonds pour l’environnement mondial, la Française Monique Barbut n’a pas la langue dans sa poche. Elle croit plus aux microcrédits qu’aux projets pharaoniques de la Banque mondiale.

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