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20-04-2010
Mots clés
Sciences
Agriculture
Monde
Etats-Unis
Enquête

Faut-il réhabiliter les vaches ?

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Faut-il réhabiliter les vaches ?
 
Pointé du doigt pour ses émissions record de gaz à effet de serre, le secteur de l'élevage s'est trouvé un nouveau héros aux États-Unis, un chercheur qui remet en cause les conclusions assassines d'un rapport de l'ONU. Les climato-sceptiques, eux, jubilent.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous connaissiez le « climategate », voici maintenant le « cowgate ». A l’origine de cette nouvelle controverse ? Un discours prononcé récemment par Frank Mitloehner, chercheur à l’université de Davis, établissement réputé de Californie. Au cours de celui-ci, le scientifique a en effet émis des doutes sur les conclusions d’un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) publié en 2006. Le texte estime que l’élevage est responsable de 18% des émissions annuelles de gaz à effet de serre dans le monde, soit plus que les transports. « J’ai simplement voulu montrer que la comparaison entre les deux secteurs était inappropriée sachant que la FAO avait pris le soin de calculer les émissions de CO2 du secteur de l’élevage sur l’ensemble du cycle de vie (de la ferme à l’assiette, ndlr) alors que le chiffre de 15%, censé refléter la part du secteur transport, prenait uniquement en compte les émissions liées à la combustion de carburant », explique Frank Mitloehner, interrogé par Terra eco.

Comparer des pommes et des oranges

Ce spécialiste de la qualité de l’air est pourtant devenu le héros des climato-sceptiques qui cherchent à prouver la malhonnêteté de ceux qui affirment que pour être écolo, il faut manger moins de viande. « Je n’ai absolument pas remis en cause la méthodologie employée par la FAO pour calculer l’empreinte carbone de l’élevage », se défend-t-il. « En revanche dire que l’élevage génère plus de CO2 que les transports n’a de sens que si les méthodes utilisées pour calculer l’empreinte carbone de chaque secteur sont comparables », poursuit le chercheur. Selon lui, si cette comparaison a inévitablement marqué les esprits, elle n’a aucune base scientifique puisqu’elle compare « des pommes et des oranges ».

Pierre Gerber, responsable de la FAO basé à Rome, est l’un des auteurs du rapport au centre de la controverse. S’il reconnaît en effet « un problème de comparabilité », il assure cependant que cette polémique ne remet absolument pas en cause les 18% attribués au secteur de l’élevage. « Je ne doute absolument pas de la bonne foi de Frank Mitloehner mais quelques groupes d’intérêt en ont profité pour tenter de discréditer le rapport de la FAO parce qu’il leur posait problème », juge-t-il.

Carnivores, végétariens, Prius et Hummer

Frank Mitloehner s’est en revanche attiré les foudres de ceux qui continuent de jurer que le steak est un 4x4 alimentaire. Interrogé sur le financement de ses travaux à hauteur de 26 000 dollars (19 300 euros) par le lobby américain du bœuf, le chercheur ironise sur l’obsession des journalistes pour les conflits d’intérêt. « J’ai reçu 5 millions de dollars (3,7 millions d’euro, ndlr) pour financer mes recherches. Savez-vous ce que représente la somme de 26 000 dollars ? Cela permet simplement d’embaucher un étudiant pour 6 mois de recherche. Mes travaux sont financés essentiellement par des organismes publics tels que l’EPA [1] ou l’Air Resources Board [2] », assure-il. Et il en profite pour dénoncer les affirmations véhiculées par des personnes aussi influentes que Michael Pollan, journaliste scientifique et auteur du best-seller Le dilemme de l’omnivore, qui est allé jusqu’à affirmer qu’un carnivore au volant d’une Prius était plus dangereux pour la planète qu’un végétarien au volant d’un Hummer [3].

Pour Gidon Eshel, professeur de géophysique et coauteur d’une étude qui concluait que manger moins de viande était un moyen simple et efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre, cette controverse a pour seul mérite de montrer que les statistiques dont nous disposons posent problème. « Je n’ai pas fait les calculs appropriés mais j’ai toujours jugé le chiffre de 18% du rapport de la FAO un peu trop élevé. Je pense que l’élevage est plutôt responsable d’environ 12% des émissions annuelles de CO2 mais cela n’enlève rien au fait que manger de la viande est néfaste pour l’environnement. C’est impossible à réfuter. Nous l’avons calculé de manière scientifique ». « Cowgate » ou pas, la vache n’est pas près de gagner ses galons verts.

A lire aussi sur terraeco.net :
- Dossier : 65 millions de carnivores
- Le dilemme du bifteck
- Lisez « Bidoche », vous mangerez moins de viande

[1] L’Agence américaine pour la protection de l’environnement

[2] L’agence américaine qui étudie à la qualité de l’air

[3] Très critiqué pour cette affirmation infondée, Michael Pollan est depuis revenu sur ses propos

Sources de cet article

- Pour en savoir plus sur le rapport de la FAO sur les impacts de l’élevage sur l’environnement
- Photo : Frank Mitloehner, le chercheur à l’origine de la controverse. Crédit : UC Davis

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

5 commentaires
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  • Naturacoach : Rester équilibré

    Effectivement, le problème n’est pas que le CO2, il y a aussi le fait qu’une grande partie des terres est aujourd’hui alloué à la nourriture du bétail et non plus à celles des hommes. De plus, dans certains pays comme le Brésil et l’Argentine, on déforeste à grande échelle pour les élevages.
    Mais je pense que pour motiver les gens, il faut avant tout leur expliquer qu’une surconsommation de viande est néfaste pour la santé et favorise les cancers du côlon entre autre. Il est important de varier les sources de protéines, en remettant au goût du jour les protéines végétales comme les lentilles, haricots, pois chiche, soja, etc. Bref, apprendre à réellement manger équilibré

    21.04 à 18h42 - Répondre - Alerter
  • Mais pourquoi tout résumer au bilan carbone ? l’écologie doit prendre en compte un ensemble complexe de facteurs !
    et il me semble bien que les vaches, dans les zones de montagnes, que je connais mal, ou dans les zones humides, quue je connais un peu mieux (étant de Loire-Atlantique), sont indispensables.
    j’ai assisté récemment à une réunion Natura 2000 sur le secteur des bords de Loire : l’animateur Natura 2000 affirmait que l’objectif affiché est de maintenir l’élevage sur ce site, parce que sans élevage sur ces zones, on aurait une modification profonde de tout l’écosystème. Bien sûr, sur ces zones, il y a des règles (dates de fauche, absence de pesticides...), mais, généralement, elles correspondent assez bien aux pratiques des paysans.

    Plus généralement, en France, l’élevage est très lié au sol. Nous n’avons pas de feedlot comme aux USA ! c’est dans les zones d’élevages que l’on trouve le plus de biodiversité, des arbres, des haies... agir contre l’élevage bovin, c’est agir en faveur de grandes plaines céréalières, type Beauce ou certains secteurs de Vendée...
    Je pense vraiment que les vaches peuvent être vertes, à la condition d’encourager l’élevage local. Encore une fois, si l’élevage disparait,si les éleveurs ne gagnent plus leur vie (et ils la gagnent bien mal ! ceux que je connais tiennent plus par passion que par appat du gain !) on n’aura que des cultures ! et nos campagnes seront moins vertes !

    21.04 à 12h28 - Répondre - Alerter
  • Je suis du côté de ceux qui croient qu’il faut manger moins de viande grâce à une donnée trouvée dans le livre "La part du Colibri" de Pierre Rabhi (agriculteur-écologiste), que je vous conseille.

    On y apprend que pour produire un kilo de viande il faut 100 kilo de céréales ... Imaginez la population que l’on pourrait nourrir en plus si nous mangions plus de céréales et moins de viande. Les surfaces de terres utilisées pour produire de la viande sont énormes. Il faut y penser. Surtout que l’on peut trouver dans certains céréales ou légumes, du fer et des protéines comme dans la viande.

    21.04 à 11h09 - Répondre - Alerter
    • Voilà ce qu’il fallait dire.
      Peut importe le pourcentage précis sur les G.E.S. émis par les ruminants, il y en a et c’est notable. Il faut effectivement l’additionner au pourcentage de céréales cultivées pour nourrir ce bétail (OGM, pesticides et Cie…), et donc ça de moins pour les humains. Ajouter éventuellement les conditions dans lesquels certains élevages sont maintenus et/ou abattus (des animaux qui ne savent même pas à quoi ressemble un pâturage). Finalement comparer la situation actuelle des paysans qui pratiquaient précédemment la culture vivrière et qui sont passés à l’alimentation animale. Et pourquoi pas évaluer le bénéfice réel pour la santé humaine à manger de la viande 7 jours par semaine… Vaste programme !
      Et un petit plat de lentilles, un !
      Ettrumin

      21.04 à 18h12 - Répondre - Alerter
    • pour produire un kilo de viande de taurillon engraissé en Italie , il ne faut pas 100 kilos de céréales mais 6 kilos
      Quant aux éleveurs de races à viande, ils n’ont jamais donné de céréales mais du foin l’hiver, de l’herbe le reste de l’année qui, à l’hectare, en poussant absorbe du co2 plus que les arbres adultes d’une forêt

      signé

      JEAN MARC BRUEL

      LICENCIE EN SCIENCES ECONOMIQUES TECHNICIEN SUPÊRIEUR EN PRODUCTIONS ANIMALES ANCIEN ELEVEUR BIO

      23.04 à 06h54 - Répondre - Alerter
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