Traitements de faveur

"Certaines rémunérations prêtent aujourd’hui à scandale." L’auteur de cette saillie est Pascal Clément, député UMP de la Loire et président de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Celle-ci entendait, le 8 juillet, Xavier Fontanet, pédégé d’Essilor et président du comité d’éthique du Medef, tenu de s’expliquer sur les augmentations de salaire intempestives de patrons de grandes entreprises. "Les abus ne concernent que des cas exceptionnels", a tenté de minimiser le représentant du patronat, car le Medef redoute le vote d’une loi jugée par avance liberticide et dissuasive pour les investisseurs. Mais la situation est suffisamment préoccupante pour que les ouailles d’Ernest-Antoine Seillière prennent les devants. "La politique des rémunérations doit être mesurée, équilibrée, équitable et renforcer la solidarité à l’intérieur de l’entreprise", lit-on dans un rapport du Medef de mai 2003. En son temps, le banquier JP Morgan, peu soupçonnable de velléités anti-capitalistes, suggérait pour sa part que les revenus d’un "top manager" n’excèdent pas vingt fois celui d’un salarié moyen. En inversant la formulation de cette règle et en l’appliquant aux entreprises du CAC 40, dont les dirigeants ont gagné en moyenne 2,07 millions d’euros en 2002, selon le Journal des Finances, l’on peut déduire que les "salariés moyens" de ces entreprises auraient dû gagner vingt fois moins, soit 103500 euros. En mathématique, on appelle cela un raisonnement par l’absurde.