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23-09-2004
Mots clés
Développement
Asie Et Océanie

La Chine a les poches (pleines mais) percées

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Plusieurs indicateurs économiques ont montré cette année un ralentissement de la croissance chinoise. A quoi est-ce dû ? Faut-il s'en inquiéter ? Existe-t-il un risque de nouvelle crise asiatique ?
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Disons-le d’emblée, quand la croissance baisse en Chine, c’est sur la base de niveaux inimaginables en Europe [1]. De 10%, il y a encore quelques mois, elle devrait tomber à 9% ce trimestre. Fait là encore difficilement transposable sur le Vieux continent, c’est sur décision des dirigeants chinois que cette activité économique a fléchi.

Bulle immobilière

Pourquoi ? En Chine, le crédit tourne à plein régime. Pour financer des routes, des ponts, des centrales électriques, et des entreprises bien entendu. Or, selon les économistes, plusieurs secteurs aux premiers rangs desquels le ciment, l’acier, et l’aluminium - trio inséparable nourri par la bulle immobilière -, mais aussi le textile ou l’automobile, ont largement abusé de l’investissement et donc de l’endettement. Ces gouffres à crédit - l’investissement immobilier progresse de 30% - ont même fini par déséquilibrer d’autres secteurs de l’économie. Du coup, la production d’électricité ne suffit plus. Les campagnes chinoises sombrent dans une totale indifférence... Bref, il existe un risque accru de surcapacité de production : à quoi bon construire des usines à tour de bras si elles devaient ne pas tourner à plein régime ?

Dans ce contexte fragile, les risques de faillite de sociétés ont, eux aussi, gonflé. Les fournisseurs de crédit se retrouvent en première ligne, mettant en danger l’ensemble du système bancaire chinois. Hervé Liévore, spécialiste de la question chez Natexis Banques Populaires, n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, "le gouvernement chinois est conscient que les banques du pays sont peu rentables, et qu’elles croulent sous les créances douteuses (entre 20% et 50%)". Une faiblesse d’autant plus inquiétante que le secteur bancaire sera ouvert à concurrence dès 2006. Les banques d’Etat ont du souci à se faire.

Autoroutes sans voiture

S’il n’y a pas le feu à la maison, la situation demeure préoccupante. Les quartiers d’affaires qui ont poussé comme des champignons ne se comptent plus. Mais beaucoup sont vides et se dégradent déjà. Des aéroports flambant neufs gisent, déserts. Idem pour les autoroutes privées de véhicules. Des stocks de téléphones portables s’accumulent sans trouver de clients, etc. En somme, la Chine investit trop, trop vite, et mal. Cette situation semble justifier la décision récente du gouvernement chinois de freiner l’accès au crédit et de tailler dans les investissements aveugles. Cette mesure entrave du même coup la progression de la croissance, alors que le chômage - y compris dans cette période faste - touche tout de même plus de 15% de la population active. Cette politique volontariste est venue brutalement rappeler au monde capitaliste que la Chine est une économie de marché atypique. Une piqûre de rappel que n’apprécient guère les multinationales installées là-bas pour faire des affaires librement...

Les "grands" pays du monde doivent-ils s’inquiéter ? Le gouvernement chinois, par souci d’éviter une chute brutale de sa croissance, a préféré prendre les devants et infléchir la tendance en douceur. Mais ses voisins asiatiques observent d’un œil plutôt fébrile. A elle seule, la Chine a alimenté en 2003 une partie conséquente de la croissance mondiale. Elle est même devenue une bouée de sauvetage pour le Japon, mais aussi la Corée et Taïwan. Enfin, elle a supplanté les Etats-Unis au palmarès du premier client et fournisseur mondial.

La Chine est un acteur désormais incontournable du tohu-bohu économique international. Les plus gros groupes industriels n’ont pas hésité à y miser très gros. Cette nouvelle alerte a donc de quoi refroidir les plus téméraires. Et du coup, transformer le rêve de marchés de consommation extensibles à l’infini, en mirages inaccessibles.

[1] Pour mémoire, la croissance française en 2004 devrait avoisiner 2,5% (selon l’Insee)

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