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16-03-2010
Mots clés
Sciences
Chine
Interview

Le Climategate n’atteint pas la Chine

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Le Climategate n'atteint pas la Chine
 
Questions croisées à Yao Yao, directeur de l’ONG Civil Society Watch, fondateur du Réseau Action Climat Chine, et Luo Yong, directeur adjoint du Centre national pour le Climat de l’Administration météorologique de Chine.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Terra eco : que pensez-vous de l’affaire du Climategate ?

Yao Yao : "Je pense que le scandale a eu peu de retentissement en Chine. Certes, il y a des scientifiques chinois qui s’opposent aux conclusions du GIEC, mais la grande majorité suit ses conclusions et le Climategate n’a donc pas créé de débat supplémentaire. Parmi ceux qui doutent, on trouve Qian Weihong, professeur de science atmosphérique à l’université de Pékin, pour qui la hausse des températures se limitera à 0,6° à la fin du siècle. Mais à part quelques voix divergentes, les chercheurs n’expriment pas leur désaccord, s’ils en ont un, en public. Quant aux industriels, ils ne sont pas non plus montés au créneau. La plupart ne sont pas familiers de ces questions. A Copenhague par exemple, il n’y avait qu’une dizaine de représentants d’entreprises chinoises, qui étaient là pour observer plus que pour jouer un rôle de lobbying."

Luo Yong : "D’abord, je crois que la méthode par laquelle est arrivée le scandale, à savoir le piratage d’e-mails, est condamnable. Ensuite, même sans tenir compte des données du Climate Research Unit (CRU), les scientifiques chinois sont d’accord avec un certain nombre de recherches internationales qui montrent clairement la tendance au réchauffement et ses effets sur la planète. En plus, le CRU n’est pas la seule source d’information, nous le savons. Il y a également les travaux du National Climatic Data Center (NCDC) aux États-Unis ou de l’Institut Goddard d’Études Spatiales (GISS), etc.."

Quel regard les Chinois portent-ils aujourd’hui sur la question du réchauffement climatique ?

Yao Yao : "Cela fait au moins 15 ans qu’ils en entendent parler. Ceci dit, la plupart des Chinois ne savent pas ce qu’est le GIEC et ne s’intéressent pas à ces questions. Surtout dans les campagnes, où parler du changement climatique, c’est comme parler une autre langue. Les Chinois considèrent que la pollution est le problème n°1 du pays, donc qu’il y ait un doute sur la qualité des données scientifiques sur le climat ne change pas grand chose. Les Chinois sont d’autant moins sensibilisés que la société civile est moins libre et dynamique que dans des pays comme la Thaïlande. Le Climategate n’a pas eu d’effet non plus sur les ONG pour qui il faut agir de toute façon, notamment en faisant campagne sur les économies d’énergies. Pour le reste, il y a toujours le risque d’une manipulation politique mais ce n’est pas nouveau. Je pense à l’économiste Lang Xianping, qui a une certaine audience lorsqu’il affirme à la télévision que le changement climatique est une conspiration de l’Ouest pour freiner le développement chinois. Mais il est plus considéré comme un nationaliste que comme un chercheur sérieux par ses pairs."

Luo Yong : "Le scandale récent et les erreurs du 4ème rapport ont effectivement jeté un doute sur les travaux du GIEC, voire sur l’ensemble de la recherche climatique. Ceci dit, si l’on tient compte du fait que des milliers d’experts on été mis à contribution, et que le rapport couvre un panorama très vaste, les erreurs ne sont pas surprenantes. C’est pourquoi le 5ème rapport le GIEC devra utiliser avec plus de précaution cette "littérature grise" non soumise à comité de lecture."

Est-ce que malgré tout la voix des climato-sceptiques n’est pas en train de monter en Chine ?

Yao Yao : "Même si certaines voix sceptiques se font davantage entendre, cela ne veut pas dire qu’elles ont plus d’influence qu’avant. La lutte contre le changement climatique est entrée dans les discours politiques. Je pense que les dirigeants chinois sont pragmatiques. Qu’il y ait ou non une polémique, ils sont déjà très conscients des conséquences du changement climatique et savent qu’il leur faudra à la fois agir et tirer partie des transferts de technologie ainsi que des retombées du marché des crédits carbone."

Luo Yong : "La voix des sceptiques augmente, mais d’un autre côté, il est aussi normal qu’il y ait des débats. La science climatique a fait beaucoup de progrès depuis 70 ans. Ceci dit, ce n’est pas parce qu’il y a des voix sceptiques qu’il faut nier l’importance et l’urgence du problème et refuser de prendre des mesures adéquates."

A lire aussi sur terraeco.net :
- L’expertise du GIEC dans "l’ère du soupçon"
- "Le Giec ne doit pas s’excuser d’être ce qu’il est"
- La Chine à court d’eau

Sources de cet article

- Photo : paysage semi-désertique à 100 km au nord de pékin. Crédit : Hélène Duvigneau

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  • deathwalker : En temps réel

    Les chinois n’ont pas besoin d’aller loin pour voir le changement climatique, il se déroule sous leurs yeux en temps réel, et comme c’est un pays sec dans la majorité de sa superficie, la tendance ne risque pas de s’inverser.

    18.03 à 00h27 - Répondre - Alerter
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