« Lasante se pi gwo richès » : La santé est la plus grande des richesses. Tel est le genre d’expression qu’apprennent par cœur la trentaine d’étudiants de Duke Université - établissement de Caroline du nord, considéré comme l’une des meilleures universités du pays - qui fréquentent assidûment le cours de créole pour la reconstruction d’Haïti.
Ce cours a été élaboré en urgence par Deborah Jenson au lendemain du séisme. Férue de littérature haïtienne du 19e siècle, cette enseignante en a eu l’idée lors d’une réunion avec l’association des étudiants haïtiens de l’université au cours de laquelle ils ont débattu de la façon la plus intelligente d’aider l’île. « Nous avons conclu que nous pourrions encourager la participation de nos étudiants et de la communauté à la reconstruction d’Haïti en leur offrant une formation leur permettant de naviguer dans les méandres de la société haïtienne », explique Deborah Jenson. « Nous avons cependant adopté une approche pragmatique en choisissant d’enseigner aux étudiants des termes médicaux en créole tout en leur apprenant comment la société fonctionne », ajoute Deborah Jenson dont le dernier séjour en Haïti remonte à décembre 2009, un mois avant le tremblement de terre.
Apprendre le créole plutôt que du français
Les étudiants viennent de divers horizons. Certains étudient l’écologie, d’autres la santé publique, d’autres font des études d’ingénieur... L’enseignement est également suivis par des gens venant de l’extérieur, comme le personnel médical travaillant au service de l’État de Caroline du nord et sur le point d’être déployé dans l’île. Le cours s’attache notamment à démystifier un certain nombre d’idées reçues. Aux étudiants qui assument que leur niveau de français leur permettra de communiquer facilement sur place, Deborah Jenson rappelle que le français reste le langage de l’élite ou des représentants des ONG. D’où l’accent sur le créole, les étudiants étant priés d’être en mesure de se présenter en créole et de parler de leur parcours.« Nous cherchons également à souligner l’importance du tissu économique local. Les gens ont du mal à comprendre que les Haïtiens qui vivent dans un état de pauvreté extrême ont également instauré un système d’économie parallèle qui leur permet de subsister. Ce qui peut paraître inefficace aux yeux d’étudiants américains, constitue un moteur essentiel de l’économie haïtienne », affirme-t-elle. Et Deborah Jenson de promettre que ce cours ne sera pas offert que le temps d’un semestre, la reconstruction d’Haïti devant prendre quelques années.
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