L’irrésistible appel de la Silicon Valley
Invité d’honneur du Cleantech Forum de San Francisco, le grand rendez-vous des acteurs du secteur, Philippe Martin, directeur de la recherche et de l’innovation de Veolia Environnement, a choisi de dévoiler « VIA » devant un parterre composé en majorité de capital-risqueurs et entrepreneurs américains. L’attrait principal de San Francisco et sa région pour une entreprise comme Veolia Environnement ? Le fait que la Silicon Valley reste le royaume des capital-risqueurs. Car Veolia entend collaborer étroitement avec les sociétés de capital-risque qui joueront en quelque sorte un rôle d’entremetteurs et seront à même d’identifier les unions potentielles entre Veolia et les start-up les plus prometteuses.
Contexte propice
Pour une entreprise de la taille de Veolia, le contexte est favorable à ce type de partenariats. Alors que les start-up des éco-technologies ont du mal à trouver les fonds nécessaires à leur expansion dans un contexte de crise, elles font désormais les yeux doux aux géants dans les domaines de l’environnement et de l’énergie afin qu’ils les aident à déployer leurs technologies innovantes. Peu enclins à prendre des risques, des mastodontes comme Veolia Environnement ont d’autre part pris conscience qu’ils risquaient de louper le train de l’innovation s’ils choisissaient d’ignorer les start-up qui inventent les technologies de demain ou se contentaient de les racheter (lorsqu’une start-up est absorbée par un géant l’innovation finit bien souvent au placard).« Cette initiative répond à une préoccupation de Veolia Environnement : l’eau, l’énergie, les déchets et les transports, nos domaines d’expertise, sont des métiers anciens mais des technologies disruptives peuvent soudainement changer complètement la donne. Il est donc essentiel de surveiller tout cela non seulement en interne (notre département de R&D comporte 800 personnes) mais aussi en externe, explique Philippe Martin. Il apparaît crucial de nouer des liens stratégiques avec des start-up cherchant à déployer leurs technologies de pointe lorsqu’il est clair que le bénéfice sera mutuel. On ne veut pas que les entrepreneurs viennent nous voir pour que nous investissions dans leur start-up. Nous voulons privilégier des partenariats qui nous permettront de tester leurs technologies et de les déployer. Veolia, c’est 5 000 stations d’eau potable, 3 000 d’eaux usées, 5 000 réseaux de transport. Pour une jeune entreprise du secteur clean tech, on représente donc un accès à des marchés énormes »
A comme accélérateur
Veolia Innovation Accelerator a pour ambition de booster l’innovation dans les éco-technologies et d’accélérer le processus de décision au sein de Veolia Environnement. Originalité de cette initiative ? La règle du 1,4, 12, qui condamne Veolia Environnement à agir vite. « Nous vous garantissons trois choses » a déclaré Philippe Martin aux entrepreneurs présents : « Nous nous engageons à évaluer votre technologie en 1 semaine. Si elle nous intéresse, nous la testerons en interne pendant 4 semaines. Et nous vous donnerons une réponse (favorable ou négative) en 12 semaines ». De telles contraintes ne risquent-elles pas de favoriser les start-up aux technologies plus matures et limiter la prise de risque ? Philippe Martin le reconnaît. « En même temps il était important de fixer des limites », assure-t-il.
Veolia Environnement parviendra-il à séduire les jeunes pouces des éco-technologies ? Rendez-vous l’an prochain pour juger de son succès. Car le français promet de revenir à l’édition 2011 du cleantech forum avec au moins quatre jeunes partenaires sous le bras. Et Veolia ratisse large : les entrepreneurs du monde entier sont invités à participer au programme.
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