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10-02-2010
Mots clés
Europe
Interview

La croissance verte sauvera-t-elle la Grèce ?

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La croissance verte sauvera-t-elle la Grèce ?
 
Avec plus de 294 milliards d’euros de dette et un déficit proche de 13% du PIB, la Grèce est dans la panade budgétaire. Si le parachute européen la tirera provisoirement d'affaire sur le court terme, la Grèce pourrait aussi trouver dans "l'économie verte" un nouveau relais de croissance. Entretien avec Philippe Jurgensen, inspecteur général des Finances et auteur de « l’Economie verte ».
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Terra eco : Que peut faire l’Europe pour sauver les finances grecques ?

Philippe Jurgensen : "La Grèce souffre à la fois d’un défaut de réformes structurelles et d’un problème de confiance. Si les spreads - c’est-à-dire l’estimation du risque de défaut de l’emprunteur - sur les obligations grecques ont autant monté, c’est qu’il y a un problème de confiance. Dans le passé on a constaté que les chiffres donnés par les autorités grecques n’étaient pas exacts, et qu’il y avait une erreur du simple au double dans le montant des déficits publics. Parmi les éléments de rétablissement de l’économie, il y a d’abord cette nécessaire confiance. Le gouvernement grec doit montrer que ses chiffres sont fiables. Par ailleurs, la Grèce doit bien sûr résoudre, comme d’autres pays européens, ses problèmes de déficit budgétaire, afin de repasser dans les 3% prévus par les critères de Maastricht. Les remèdes sont connus et entraînent presque automatiquement une grogne sociale. Il s’agit de réduire les déficits en comprimant les dépenses, d’instaurer un certain nombre d’impôts nouveaux et de faire des réformes structurelles sur l’éducation, la formation et les retraites, une réforme qui n’a pas encore eu lieu en Grèce."

L’économie verte peut-elle servir de relais de croissance en Grèce ?

"Ce n’est bien sûr pas propre à la Grèce, mais il y a effectivement des relais à trouver dans ce que j’appelle la ’croissance verte’, les technologies vertes. Pour cela il faut bien sûr investir, c’est-à-dire couper dans les frais de fonctionnement plus que dans les investissements, et surtout orienter les investissements dans le bon sens. Par exemple, au lieu de construire des autoroutes, cela implique de construire des stations d’épuration des eaux ou de traitement des ordures ménagères. Dans ce domaine, l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne et la France ont montré l’exemple, même si parfois de façon partielle."

Quelles mesures concrètes le gouvernement grec pourrait-il prendre ?

"Il pourrait mettre en place une taxe carbone efficace qui lui procurerait des recettes budgétaires en plus d’améliorer la situation écologique. Comme l’écrivait récemment Michel Rocard, les taxes environnementales représentent aujourd’hui seulement 3% des recettes de l’État français contre 38% pour les prélèvements sur les salaires. Il y a donc de la marge. La Grèce peut également augmenter le tarif du gaz ou de l’électricité, et instaurer un système de bonus malus performant qui rapporte à l’État. Si nous avons réussi à introduire un système de bonus malus en France sur les automobiles, pourquoi ne serait-ce pas possible en Grèce ? On a calé le bonus à 130g de CO2 par km et on a réduit à 125g cette année, ce qui est la preuve que ça a bien marché. Pour que ça ne coûte rien à l’État, il suffit de baisser le curseur. Si on doit payer un malus au-dessus de 140g, beaucoup d’automobilistes paieront, et si le bonus est au-dessous de 110, peu de gens le recevront."

Quelle taxation verte vous paraît aujourd’hui la plus efficace pour combler le déficit grec ?

"La mesure principale est de faire payer ceux qui consomment de l’énergie. Ce qui pourrait rapporter le plus en Grèce, c’est une taxe sur l’essence et sur l’électricité. Je suis favorable à une taxe européenne sur l’énergie, même s’il est évident que la Grèce doit prendre des mesures dès aujourd’hui sans attendre l’Europe. En France, la TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers) rapporte par exemple 25 milliards d’euros chaque année aux finances publiques. Si les Grecs mettent en place une TIPP plus lourde qu’en France, il y aura sans doute de la fraude à la marge aux frontières, mais cela rapportera tout de même à l’État. Pour résumer, je pense qu’une économie qui accorde plus de place à l’innovation et à la croissance verte devrait parvenir à retrouver un taux de croissance proche de 3%. La Grèce pourrait donc gagner un point et demi de croissance, même si une estimation précise relève de savants calculs économétriques."

Philippe Jurgensen est Président du Collège de l’Acam (l’Autorité de Contrôle des Assurances et des Mutuelles). Il est l’auteur de "L’économie verte", paru en février 2009 aux éditions Odile Jacob.

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