Pas de loi sur le climat pour Obama en 2010 ?

La victoire de Scott Brown, républicain au physique de play-boy qui s’est emparé du siège de Ted Kennedy dans l’Etat du Massachusetts en faisant campagne contre la réforme de santé chère à Obama, a fait figure d’électrochoc de ce côté-ci de l’Atlantique. L’essentiel des commentateurs américains concluait que l’administration Obama pouvait notamment dire adieu à son ambitieux projet d’assurance maladie universelle. Avec 59 voix au lieu de 60, les démocrates perdent en effet leur majorité qualifiée au Sénat qui leur permettait (à condition de rallier l’ensemble des sénateurs de leur parti) de contrer les tentatives d’obstruction parlementaire de leurs adversaires. Mais pour les défenseurs de l’environnement, cette victoire inattendue compromet également l’avenir d’une autre réforme tout aussi controversée : la loi sur le climat et l’énergie qui ambitionne d’instaurer un système d’échanges de permis d’émissions (cap and trade) aux Etats-Unis.

Le climat : un sujet trop controversé

Pour Kevin Grandia, l’un des bloggeurs de « DeSmog », site dont la mission est de dénoncer les manœuvres de ceux qui contestent l’idée du réchauffement climatique, l’élection de Scott Brown ne présage rien de bon pour l’avenir du projet de loi sur le climat pas encore adopté par le Sénat. « Ironiquement, Scott Brown, il y a tout juste un an, s’était prononcé en faveur d’un système régional de cap and trade ayant même jusqu’à déclarer que la réduction des gaz à effets de serre dans l’Etat du Massachusetts était l’une de ses priorités. Comme par hasard, aujourd’hui, il s’oppose à un marché fédéral d’échanges de quotas de CO2 sous prétexte que la facture serait trop coûteuse pour les entreprises et les consommateurs », explique-t-il.

Selon ce dernier, le contexte politique compromet les chances de passage de cette loi sachant que les hommes politiques américains, de droite comme de gauche, ont les yeux rivés sur le calendrier électoral. « La tenue des élections législatives de mi-mandat en novembre prochain fait qu’un grand nombre de parlementaires ne souhaitent surtout pas s’engager en faveur de réformes controversées de peur de froisser leur électorat qui se soucie plus aujourd’hui de l’emploi et de l’économie que de l’environnement », ajoute Kevin Grandia qui précise que la loi sur le climat fait encore moins l’unanimité chez les démocrates centristes que le projet de réforme du système de santé.

L’EPA à la rescousse

Pourtant, selon Josh Dorner, porte-parole du Sierra Club, la plus ancienne association pour la défense de l’environnement aux Etats-Unis, il convient de relativiser l’impact de la victoire de Scott Brown. «  La lutte contre les gaz à effet de serre est un enjeu bipartisan. Le fait que la majorité démocrate ait perdu un siège au Sénat n’est pas très significatif car, après tout, il ne s’agit que d’une voix. Cela signifie simplement qu’il faudra travailler un peu plus dur dans une logique bipartisane pour faire adopter cette loi », affirme notamment ce dernier. Josh Dorner fait également valoir que la loi sur le climat ne sera pas examinée tant que la question de la réforme du système de santé ne sera pas résolue.

Et de conclure cependant sur une note optimiste : « L’important est de rappeler que l’Amérique progresse en matière de lutte contre le réchauffement climatique comme le montre la décision de l’EPA (l’agence pour la protection de l’environnement) de réguler à partir de mars prochain les émissions de GES pour les véhicules motorisés dans le cadre de la loi sur la qualité de l’air ». En d’autres termes, l’administration Obama ne dépend pas seulement du bien vouloir des sénateurs et autres hommes politiques pour lutter contre le CO2 même si les défenseurs de l’environnement sont les premiers à reconnaître que l’absence de loi sur le climat en 2010 représenterait une défaite cuisante.

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