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23-12-2009
Mots clés
Etats-Unis
Enquête

Green Vegas

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Green Vegas
 
Un Vegas vert. La blague du siècle ? Comment Sin City, royaume de la consommation à outrance, peut-elle oser prétendre au statut de ville verte ? La réponse tient en un mot : CityCenter, un complexe made in Vegas, qualifié de pharaonique par ses détracteurs et de temple de l’éco-responsabilité par ses partisans. Enquête.
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Une ballade à pied sur le Strip, cette longue artère bordée de casinos qui rivalisent dans la démesure, a de quoi faire pâlir d’horreur les défenseurs de l’environnement. Les trottoirs les plus fréquentés sont jonchés de prospectus vantant les mérites de stripteaseuses et autres « escort girls » distribués aux passants par une armada de travailleurs immigrés alignés le long du Strip et payés des clopinettes. A l’intérieur des casinos, les éco-citoyens sont à peine mieux lotis. Pas la peine de chercher à trier les déchets. Cette tâche, jugée contraignante pour les touristes qui viennent chercher fortune et non pas sauver la planète, est laissée aux employés des casinos qui ont la lourde tâche de séparer les ordures lorsqu’ils vident les poubelles. Et nul message dans les chambres d’hôtels n’incite les clients à réutiliser leurs serviettes de toilette ou à surveiller leur consommation d’eau. Car Vegas est après tout le royaume des excès ; le rendez-vous des épicuriens et non pas des hippies.

CityCenter, temple de l’architecture verte

Pourtant, le regard du passant ne peut manquer de s’attarder sur CityCenter, nouvelle cité de verre à l’architecture remarquable conçue par des architectes de renom : de Daniel Libeskind à César Pelli en passant par Art Gensler, considéré comme l’un des pères de l’architecture verte. Composé de 3 hôtels, un casino, un shopping center de luxe qui abrite notamment la plus grosse boutique Louis Vuitton au monde et de deux tours d’habitation (qui vues de loin forment un X), CityCenter est une anomalie dans le paysage vegasien. Ce méga complexe de 67 acres a coûté au groupe MGM Mirage la bagatelle de 8,5 milliards de dollars, un record dans l’histoire de Sin City ; le tout dans un contexte de crise économique sans précédent.

Joyau local qui vient d’ouvrir ses portes et emploie pas moins de 12 000 personnes, CityCenter n’est pourtant pas simplement un autre projet mégalo. Le complexe s’est distingué en obtenant pour six de ses bâtiments la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), qui récompense les projets verts, preuve de l’éco-responsabilité de ce gargantuesque ensemble. « Ceci est d’autant plus remarquable que Las Vegas n’est pas réputée comme l’environnement le plus vert », affirme Katarina Tesavora, chef de projet pour le groupe MGM Mirage. « Le fait d’avoir obtenu la certification LEED permet donc de crédibiliser notre démarche alors que le monde extérieur était en droit de douter de l’éco-responsabilité d’un projet de cette taille dans une ville comme Vegas ».

Lorsqu’on lui demande d’énumérer les qualités environnementales du dernier né de Sin City, Katarina Tesarova s’empresse de faire remarquer que le complexe présente l’originalité d’avoir sa propre centrale de cogénération de 8,2 mégawatts qui récupère la chaleur habituellement dispersée dans l’environnement, l’air capturé servant à chauffer l’eau consommée dans les hôtels ainsi que les piscines du complexe (la centrale ne peut satisfaire cependant que 10% des besoins en énergie de CityCenter). Katarina Tesarova fait également savoir que 93% des matériaux de construction utilisés ont été recyclés ce qui contribue à faire de CityCenter un modèle d’architecture verte.

Vitrages limitant les transferts de chaleur, toits blancs, moquette certifiée verte, tramway et flotte de limousines carburant au gaz naturel compressé pour transporter les clients du complexe, complètent ce tableau idyllique. La brochure vantant les mérites environnementaux du nouvel haut lieu de Vegas fait même valoir que les économies d’énergie réalisées annuellement à CityCenter (par rapport à des complexes de taille similaire) représenteront l’équivalent de la consommation d’électricité de 7700 foyers et que grâce à sa plomberie écologique, City Center économisera l’équivalent de la consommation annuelle en eau de 380 maisonnées.

Lorsqu’on l’interroge sur l’absence de panneaux solaires alors que Vegas, citée plantée au milieu du désert, bénéficie d’un ensoleillement important, Katarina Tesarova répond que les architectes de CityCenter ont conclu que le coût serait trop important par rapport aux économies d’énergie réalisées d’autant plus que les toits de ce méga complexe sont ombragés à un moment ou à autre de la journée. En novembre 2009, CityCenter a même été nommé « meilleur projet commercial de 2009 » par le prestigieux Forest Stewardship Council (conseil de soutien de la forêt), organisme chargé de veiller à la durabilité de la forêt, preuve ultime, selon elle, du caractère durable de cette cité ultra luxueuse.

Elvis à la rescousse

Katarina Tesarova considère-t-elle le label vert de CityCenter comme un avantage concurrentiel sur les autres casinos et hôtels qui peuplent le Strip ? « L’efficacité énergétique de nos bâtiments va faire que nous réaliserons des économies d’énergie par rapport à nos concurrents », assure-t-elle. Mais Katarina Tesarova ne va pourtant pas jusqu’à prédire que CityCenter va devenir le rendez-vous privilégié des éco-citoyens de la planète. « Les études de marché ne montrent pas encore que les gens sont prêts à dépenser plus pour dormir dans un endroit plus vert », explique-t-elle, une pointe de regret dans la voix.

CityCenter, ensemble un brin extravagant du fait de sa somptuosité, devra d’abord prouver qu’en période de crise il pourra attirer les foules et trouver des occupants pour ses 5900 chambres. Pour cela, Las Vegas mise sur nul autre que le King, le tout nouveau spectacle du Cirque du Soleil rendant hommage à Elvis Presley. Rien à voir avec l’écologie mais Sin City compte sur Elvis pour redonner à la ville son énergie d’antan.

Sources de cet article

http://www.citycenter.com/

Photo crédit : CityCenter Digital Center

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

2 commentaires
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RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • Frédéric : Green Vegas

    On peut repeindre le Veau d’Or en vert avec une peinture ayant obtenu tous les éco-labels possibles,c’est toujours ça de gagné, ça reste le Veau d’Or avec toutes ses abérrations.

    27.12 à 12h08 - Répondre - Alerter
    • Eugène Hublet : Green Vegas

      Lisez Epicure, il n’a rien à faire là-dedans le pauvre, il serait plutôt du côté de l’économie...

      7.01 à 08h26 - Répondre - Alerter
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