Par Eric Eustache, président de Little Green Capital et Directeur général de Kinomé
Pourquoi et comment l’homme a-t-il créé le monde tel qu’il est ? Quels sont les ressorts profonds qui nous font toujours préférer les solutions les moins porteuses de sens et de plaisir ? Pourquoi préférer la souffrance à la joie et au bonheur souvent à portée de main ? Qui a jamais décidé, pour toutes les générations passées et futures, que la vie devait être « un chemin de larmes » ? Que la beauté, la sagesse et l’innocence n’auraient de place sur Terre que fugitive ?
La réponse à ces questions n’est pas à l’agenda des spécialistes réunis à Copenhague, pressés par l’urgence de modifier la course destructrice de nos économies. Reste que les meilleures volontés du monde risquent d’échouer à inverser le cours des choses, si le nœud du problème n’est jamais adressé : celui des pulsions profondes qui nous guident, individuellement et collectivement sur les mauvaises routes. Question vitale à ce stade, car nous sommes à la croisée des chemins de plusieurs crises systémiques majeures et simultanées : climat, biodiversité, démographie et pauvreté, eau et énergie. Jamais l’espèce humaine n’a autant frôlé l’abîme. Qui voudrait parier que la même façon de penser, celle à l’origine de tous nos maux et qui ne s’intéresse qu’à la matière, réussira, cette fois, à régler nos problèmes millénaires ?
Un problème qui tient en trois lettres : E,G et O.
L’égo, cette image mentale que chacun se construit de lui-même. Une image fausse, presque toujours négative : une image construite sur toutes les déconvenues de l’enfance, puis renforcées par celles de l’âge adulte. Absence d’encouragement et de valorisation, dénigrement, comparaison, compétition et violences se combinent pour détruire la connaissance intuitive que l’enfant à de lui-même, de son potentiel infini de joie, de développement et de découverte. Ne restent ensuite, que des individus comme « défigurés d’eux-mêmes », en manque perpétuel d’amour, de reconnaissance et de valorisation.
Un ego qui « déforme » notre perception du monde, qui nous fait craindre la blessure, l’obstacle ou le conflit là où ils ne sont pas, nous empêchant d’être heureux, de ressentir la joie ou le plaisir, nous condamnant à ne jamais vivre notre vie dans ses dimensions positives. Et nous amenant à laisser nos économies s’affranchir de toute logique, ruiner la biosphère, abandonner 4 milliards de personnes pauvres à leur sort et soumettre les autres à une logique de consommation absurde et inutile.
Changer le rapport de l’Homme à lui-même (changer Soi pour changer le Monde), est donc un sujet brûlant d’actualité, qui concerne chacun des 7 milliards d’êtres humains qui constituent notre espèce surpuissante et si malheureuse. C’est un sujet majeur de la Conférence, mais il ne sera, cette fois encore, pas abordé.
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