"Qu’il est doux ce bruit là"

Elue à la ville de Bordeaux au logement, à l’éco habitat et à l’énergie ; Alexandra Siarri est responsable du dispositif « Les Juniors du développement durable » à la Communauté urbaine de Bordeaux. Elle figure en deuxième position (sans étiquette) sur la liste UMP aux régionales pour l’Aquitaine.

Aubervilliers est aujourd’hui plongé sous une pluie glacée. Je m’engouffre dans une salle immense et exclusivement militante. Sur ce fauteuil trop rouge, j’attends qu’on m’appelle, que soit validé mon statut inattendu de candidate aux prochaines élections. Ma présence dans ce lieu théâtral est exceptionnelle. Mais elle est le fruit d’une avide curiosité. Je ne connais pas le programme du jour, je viens docilement me prêter au jeu de ce parcours initiatique.

Après les discours des hiérarques qui redoublent de talent oratoire, un repas ou les mains n’en finissent plus de se serrer et les regards de se rassurer….je me presse à la table ronde ….Copenhague nous attend. « Nous ne roupillons plus Mrs Jancovici et Mrs Grandjean !!! » : Rajendra Pachauri et Jean Jouzel sont sur scène. Les messages sont clairs : l’imminence des périls, la gravité de chacun d’eux et puis très vite aussi un vibrant hommage à la France, à son courage diplomatique, fidèle à son statut magique celui d’une nation libre et humaniste qui sait se révolter…..évidemment aussi que cette taxe carbone est trop faible. Oui, mais elle s’appliquera aux frontières si Copenhague est un échec. La réponse fuse.

De cette journée idéologique, dont la presse retiendra massivement le duel sémantique ennuyeux PS/UMP ( mais pourquoi ne donner à voir et à entendre que ce qui abime le débat public ?), je repars le cœur gorgé d’espoir : car le vert est là partout ou les élus se rassemblent et finalement quoiqu’ils en disent les font se ressembler pour des vraies causes.

Je rentre et j’écris. J’écris le prix Nobel qui embrasse notre ministre du développement durable, je parle de cet espoir . Les réactions sont immédiates faisant écho à celles qui ont accompagné l’annonce de mon engagement. Comment peut on se présenter N2 sur une liste sans être encartée tout en étant loyale ? question suspicieuse des uns. Comment peut on s’engager pour la planète et pour les autres, sur la liste d’un parti qui ne serait ni vert ni rose ? question sectaire des autres ?

Quand même ils furent nombreux et continuent de l’être, ceux qui ne retiennent que mon essentiel. On peut venir de la société civile ne pas être encartée, ne pas avoir en tête son plan de carrière et vouloir faire de la politique, prendre au mot l’exigence écologique remplir la tâche du « colibri tandis que dans la jungle on se moque ».

Il me semble que j’entends partout le bruit de ceux qui ont répondu aux appels du GIEC, ont vu la terre se tordre et ses habitants se perdre. Je suis dans ce bruit, dans ce mouvement. Qu’il est doux ce bruit là.