Sur un stand, entre le hall des ONGs et les salles de conférence du Bella Center, trois coupes brillent sur un podium. Tout en haut, trône le fanion des pays de l’annexe 1, les pays développés. Sur la seconde marche, s’affichent les drapeaux suédois, finlandais, autrichiens. Enfin, avec la médaille de bronze, on trouve le Canada. Depuis le début du sommet de Copenhague, l’association Avaaz (“Voix” en de nombreuses langues asiatiques) décerne chaque jour, au terme des négociations, les “Fossil Fuel Awards” ou palme des énergies fossiles.
En clair, un panel d’ONG réunies sous l’égide du Climate Action International “récompense” les pays qui ont bloqué les négociations du jour. A l’issue de la première journée du sommet, la victoire revient très naturellement aux pays de l’Annexe 1 “parce qu’ils ont tous signé le protocole de Kyoto et que douze ans après, ils n’ont pas tenu leur engagement”, explique Ben Wikler, en smoking et nœud papillon, derrière le stand de l’Avaaz. C’est le ministre de l’Environnement cannadien, Jim Prentice - qui a précisé avant Copenhague que sa nation ne s’engagerait pas à réduire ses émissions de plus 3% - qui rapporte la médaille de bronze à son pays. La Suède, la Finlande et l’Autriche décrochent l’argent : ces pays “militent pour bénéficier de crédits carbone car ils protègent leurs forêts. Et ajoutent qu’ils ne pourront empêcher la coupe des arbres, si ces crédits ne leur sont pas attribués”, souligne Ricken Patel, directeur général d’Avaaz.
D’ailleurs, ce mardi, les arbres avaient décidé de prendre la parole, dans les couloirs du Bella Centre. Affublés d’énormes costumes de tronc, trois activistes figuraient trois arbres, l’un finlandais, l’autre suédois, le dernier autrichien. En brandissant des pancartes dans les salles de délégation et les forums du centre de conférence, ils se sont attelés à imager les débats souvent trop techniques. “Dans les salles de négociations, des décisions sont prises très rapidement. Or, leur impact affecteront le monde tout autour de nous. Alors nous nous attachons à les rendre compréhensibles au grand public”, explique Ricken Patel de l’Avaaz.
Influencer les négociations ?
Créé en 2007, ce réseau associatif fort de 3,6 millions de supporters (dont 500 000 en France) vise à rendre le “pouvoir au peuple” et à “réduire le fossé entre le monde que nous avons et celui que nous voulons”, confie M. Patel. Leur cible ? Les droits de l’homme, la pauvreté, les conflits mais aussi l’environnement. “C’est là que le fossé est le plus grand entre les deux mondes. D’un côté, il y a la vision des scientifiques, de la population et de l’autre, celle des politiques”, précise-t-il. Au défilé d’arbres ou à la palme des énergies fossiles, s’ajoutent des actions éclairs menées ça et là. Le jour de la plénière d’ouverture par exemple, les militants d’Avaaz ont fait un “die-in”, s’allongeant au sol devant les portes, pour simuler les risques sur la santé humaine du changement climatique.De quoi changer le cours des négociations ? “Les leaders qui ont du monde derrière eux auront plus de force pour appuyer leur position dans les négociations”, souligne Ricken Patel. Dès mercredi, ils entendent récompenser les bons élèves des négociations par un “Ray of the Day Award” ou “Prix du rayon de soleil”. Lauréate pressentie : la France, pour les annonces de Jean-Louis Borloo lundi concernant l’aide au pays en développement. Une chose est sûre : “Tout le monde sait que des délégations enfermées dans les salles n’y arriveront pas seules. Il faut que les populations poussent derrière”, affirme Ricken Patel.
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