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9-11-2009
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Chronique

Ai-je bien fait de venir à Barcelone ? (Chronique d’un pré-sommet raté)

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Au moment où je commence à écrire cet article, la dernière plénière des discussions sur le climat de Barcelone vient juste de commencer. Cependant et bien avant que celle-ci ne soit terminée, on en connaît déjà l’issue : pas grand-chose à se mettre sous la dent. Tellement peu de choses même, que l'ivoire de mes quenottes en vient à grincer. Ce n’est pas seulement le processus qui a pris un très sérieux coup de ralentisseurs ici à Barcelone, mais bien l’ensemble des négociations.
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Les événements marquants

Ces cinq jours de négociations furent particulièrement riches en événements et rebondissements tandis que l’urgence a commencé à peser sur les discussions. Mais deux événements furent particulièrement notables cette semaine, la sortie des négociations des pays d’Afrique et le débat qui s’est ouvert sur la valeur futur de l’accord de Copenhague.

Le plus important fait de cette semaine fut la sortie de salle des délégués africains qui ont ainsi arrêté les négociations pendant une journée. Leur motivation était simple : obtenir des pays développés qu’ils affichent clairement leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre et surtout les "obliger" à viser entre 25 et 40% de réduction pour 2020.

Le second fait majeur est intervenu le premier jour de négociations quand la ministre danoise Connie Hedegaard a parlé pour la première d’un "accord politiquement contraignant", ce qui en droit international ne veut strictement rien dire. Si ce n’est que l’application du futur accord de Copenhague dépendra seulement de la bonne volonté des dirigeants politiques.

Deux événements majeurs qui ne sont pas si différents et qui révèlent de vraies difficultés et de réels clivages dans le processus de négociations.

Le bateau chavire-t-il ?

Si les Nations Unies était un bateau, le capitaine chargé du climat en serait Yvo de Boer. De lui dépendrait la vie et la mort de l’équipage et surtout la direction et la vitesse du navire. Mais s’il est vivement temps de hisser la grand voile et de s’aventurer vers le large, le capitaine du bateau se permet des déclarations toujours plus inquiétantes. "Il n’y aura pas d’accord à la fin de l’année." "Il faut repousser d’un an l’adoption d’un nouvel accord sur le climat", explique-t-il en substance. Il paraît clair que la direction n’est pas la bonne. Tout cela peut également relever d’une stratégie du secrétariat et des Etats pour réduire les attentes de la société civile.

Pourquoi ? Pour qu’un accord même modeste puisse passer pour un grand pas international. Pour préparer en somme le futur échec de la conférence. Si les acteurs des négociations avançaient auparavant la stratégie du gagnant-gagnant, les voilà apparemment réduits à vanter les mérites de la stratégie du perdant-super perdant.

Pendant ce temps, le Sénat américain, déjà en retard, a décidé de reporter de cinq semaines les travaux sur le "Kerry-Boxter" Bill (un projet de loi sur le climat à ne pas confondre avec le Waxman Markey de la Chambre des représentants). En reportant ses travaux sur le climat, le Sénat envoie un message précis : il n’y aura pas de position américaine claire et définie à Copenhague. Reste deux options. Ou bien Barack Obama décide d’engager les Etats-Unis puis de faire ratifier les objectifs de réduction par le Sénat et la Chambre des représentants (ce qu’a raté Bill Clinton avec Kyoto). Ou les Etats-Unis ne prennent pas position et, comme à l’époque de George W. Bush, bloquent l’avancée des négociations.

Durcissement du processus

Conscients de cet état de fait, certains acteurs durcissent leurs positions. Ainsi, lors de la dernière plénière, un délégué du Burkina Faso m’a confié : "Quand on n’a plus d’espoir, il n’y a plus ni bonnes, ni mauvaises solutions." La situation semble pourrie comme le montre la sortie de salle du groupe Afrique. Rien d’étonnant. Cela fait deux ans qu’ensemble, ils négocient la feuille de route de Bali datée de 2007. Et tandis que le processus patine, la lassitude s’installe parmi les négociateurs. Même agacement dans les rangs de la société civile. La preuve ? Cette action venue déranger la plénière de clôture. Il faudra s’attendre à des interventions de ce genre de plus en plus importantes à Copenhague alors que de nombreux groupes ont décidé de venir se faire entendre avec plus ou moins de violence.

Mais, tout n’est pas fini

Certes le processus actuel semble être compromis, mais on est exactement dans la même situation qu’avant la Conférence de Kyoto en 1997. Là, tout le monde préparait l’échec, les Etats du monde entier ne semblaient pas prêts à jouer carte sur table. A Copenhague comme à Kyoto, les positions réelles et les possibles compromis n’apparaîtront que la dernière nuit. Pas avant. Reste à espérer que les travaux seront suffisamment avancés pour donner assez de consistance à l’accord de cette dernière nuit.

Le bilan de cette semaine de négociations à Barcelone n’est pas glorieux, et est même inquiétant. Cependant, la pression de la société civile ne doit pas baisser. Bien au contraire. Elle doit aller crescendo jusqu’à Copenhague pour montrer aux dirigeants de ce monde que les citoyens ont de réelles attentes. Le climat des cinquante prochaines années se décidera lors d’une longue et froide nuit à Copenhague. Espérons que nos chefs d’Etat et de gouvernement seront présents à ce rendez-vous avec l’Histoire.

A lire aussi dans Terra eco :

- Copenhague : qui est in, qui est out ?
- Copenhague : deux Français sur trois pessimistes -L’adieu au protocole de Copenhague
Sources de cet article

Florent Baarsch est un bloggeur. Il suit les négociations en prévision de Copenhague. Retrouvez ses chroniques sur le site "Adopt a negotiator"

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