Le "kang" nouveau est arrivé

Au cœur du Shanxi, province nordique et locomotive à charbon de la Chine (500 000t produites par an), les habitants les plus modestes se chauffent avec leur lit, le traditionnel "kang". Posés à même le sol, ils carburent aux débris de maïs, au bois ou au charbon. Mais ces plates-formes aux briques chauffées par le dessous, dont les 1ers vestiges remonteraient au 7è siècle, sont loin d’être la panacée. Non seulement ils consomment à tire-larigot, mais ils polluent très fort et rejettent même du monoxyde de carbone, de quoi endormir définitivement le dormeur.

Pour améliorer un tant soit peu la situation, le gouvernement local de Heshun a investi et remplacé en 2008 près de 3000 lits par de nouveaux "diao kangs". En 2009, il prévoit de débourser plus de 100 000 € pour en remplacer 10 000. Les nouveaux lits, surélevés d’une dizaine de centimètres, chaufferaient plus rapidement, à surface égale, et refroidiraient plus lentement.

L’histoire ne dit pas à quoi chauffent ces diaos kangs, que la presse officielle s’est déjà emparée du sujet, et leur prêtent toutes les vertus. Il y aurait même un "avant" et un "après" kang nouveau : avant, le district était recouvert d’un épais brouillard de fumée en soirée, et les tables couvertes de cendres de pailles brûlées. Après, tout serait impeccable. Autre atout du lit miracle : il permettrait aux ménages d’économiser plus de 100€ sur leur facture électrique hivernale. Si la mesure a sans doute un impact positif, la province reste l’une des plus polluées en Chine, malgré les tentatives de fermer les petites mines, polluantes et dangereuses.

Sur les 29 des 61 mines fermées en 3 ans à Heshun, nul ne sait combien ont réouvert et continuent à fonctionner illégalement. Des accidents du travail, et surtout des cancers et malformations à la naissance, pas un mot. Mais avec leur nouveau kang, exposé à Pékin au salon des technologies éco-efficaces, les citoyens chinois de Heshun peuvent dormir sur leurs deux oreilles.