Le Nobel de l’espoir est attribué à...

On connaissait les récompenses décernées à des personnalités pour « l’ensemble de leur œuvre ». Le Comité qui vient d’attribuer le Nobel de la Paix au président américain vient d’inventer une variante. Barack Obama est décoré pour son « œuvre à venir ». Pour le moins original. On peut imaginer dans la même veine une coupe du monde de football remportée avant la compétition par une équipe d’Australie décidément très prometteuse, ou bien un Goncourt décroché par l’ouvrage non-encore-écrit d’Erik Orsenna ?

Les membres de ce Comité sont-ils tombés sur la tête ? Car à y regarder de près, le travail du démocrate en matière de paix sur la planète est encore anecdotique. Pire, les tensions récentes en Afghanistan, au Pakistan ou en Iran sont loin de jouer en sa faveur. Oui mais voilà. Barack Obama est bien le nouveau Prix Nobel de la Paix. Au grand dam de ses détracteurs qui hurlent à l’injustice.

Alors quelle mouche a donc piqué les membres de ce Comité nommé par le Parlement norvégien comme il est de tradition ? Les candidats étaient-ils en nombre insuffisant ? La cote de popularité du successeur de Bush devait-elle absolument remonter ?

Non. La réponse est plus simple. Il suffit pour y voir clair d’ouvrir un agenda. Le Prix Nobel de la Paix sera officiellement remis le 10 décembre à Oslo (capitale de la Norvège). Cette cérémonie interviendra au beau milieu de la Conférence internationale sur le climat qui se tiendra 500 kilomètres plus loin à Copenhague. Dans quelques semaines, Barack Obama, que tout le monde attend au tournant sur les questions climatiques, va donc se retrouver le dos au mur.

Et d’une, il ne pourra s’épargner ce saut de puce. Il devra se rendre à Copenhague. Agenda qu’il n’avait pas forcément prévu. Et de deux, il ne pourra s’en sortir par une pirouette. La planète aura les yeux braqués sur lui. Et les demi-mesures seront bien compliquées à assumer.

Il faut donc remercier le Comité du Prix Nobel de la Paix, qui en désignant Obama vient de faire sienne une audacieuse maxime : récompenser pour mieux contraindre. Chapeau !

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