Vendredi soir, en ouverture de l’université d’été du PS à la Rochelle, Ségolène Royal demande le retrait de la taxe carbone. Devant un parterre de militants et d’acteurs politiques, elle dénonce "un impôt insupportable pour ceux qui n’ont pas le choix entre acheter un véhicule polluant, puisqu’il n’y a que ça sur le marché, et une voiture électrique parce que celle-ci n’est pas encore fabriquée en grand nombre". "Je dis : ’retirez cet impôt M. Fillon et mobilisez votre énergie pour la montée en puissance de l’industrie automobile française pour mettre massivement sur le marché des voitures électriques pas chères pour que les familles puissent choisir’." Stupéfaction dans les rangs du pôle écologique du PS. Deux jours plus tard, Martine Aubry tempère les propos de la présidente de région Poitou-Charentes. Lundi matin sur France Info, la secrétaire nationale du parti a assuré que la France avait "besoin d’une contribution énergie climat." Mais "nous ne sommes pas favorables à la taxe carbone que propose le gouvernement", a-t-elle néanmoins ajouté. Elle est " inefficace parce qu’on taxe peu les entreprises et les gros pollueurs" et elle est "très injuste socialement".
Terra eco : Que pensez-vous des déclarations de Ségolène Royal vendredi soir à La Rochelle ?
Eric Loiselet : "Je crois que Ségolène Royal s’est laissée aller en faisant des déclarations à l’emporte-pièce. Ce que le grand public a retenu c’est que le PS était opposé à la taxe carbone. Ce n’est pas un service à rendre au parti. C’est d’autant plus étonnant qu’en 2007, Ségolène Royal avait signé le Pacte écologique de Nicolas Hulot qui comprenait la taxe carbone. Or aujourd’hui, elle est prête à fouler ce pacte au pied ! C’est choquant ! Son attitude est d’autant moins responsable qu’elle a été ministre de l’environnement. Or, ce n’est pas la première fois qu’elle fait des sorties de cette ordre là sur le plan écologique. En 2007, elle avait demandé le retour à une TIPP flottante [taxe intérieure sur les produits pétroliers qui baisserait lorsque le prix du brut augmente fortement]. Ça a été l’élément déclencheur du pôle écologique. C’est parce que des personnalités aussi éminentes disaient des choses pareilles qu’on s’est dit : ’il faut se mettre au boulot’. Mais on constate qu’un an plus tard, elle continue sur cette voie-là. C’est sans doute une approche électoraliste mais c’est regrettable."Outre les déclarations de Ségolène Royal, avez-vous l’impression que le fossé se creuse entre le pôle écolo du PS et les cadres dirigeants ?
"Pas cette fois-ci. Après le discours de Martine Aubry, nous avons l’impression d’avoir été entendus. D’abord, elle a clarifié la position officielle du parti sur la Contribution climat énergie. C’est la première fois - si on exclut sa tribune la semaine dernière dans le Monde - qu’elle porte politiquement et clairement la proposition du PS sur la taxe carbone. Une position adoptée début juillet dans la plus grande discrétion. Le deuxième point positif, c’est qu’elle a affiché son soutien à l’Ultimatum climatique [un appel lancé par les ONG pour appeler l’Élysée à agir contre le changement climatique]. Au pôle écologique, nous disons ’Bravo Martine !’ En moins de 48h, elle a affirmé sa position."Quelle est précisément cette position du PS vis-à-vis de la taxe carbone ?
"Nous voulons une Contribution climat énergie universelle qui intègre toutes les formes d’énergie y compris l’électricité. Ce qui n’est pas aujourd’hui le cas de la taxe carbone prévue par le gouvernement. Sur ce point, Michel Rocard lui même, à titre personnel, a dit qu’il était favorable à une intégration de l’électricité dans le périmètre de la taxation. Le deuxième élément clé, c’est l’acceptabilité sociale. Il faut avoir clairement pour objectif l’entrée de la société dans une transition écologique de l’économie. Mais pour cela, il faut accompagner les acteurs notamment les moins pollueurs comme les ménages les moins riches ou les petites entreprises. Enfin, il faut un plan d’action public des infrastructures pour rendre possible la décarbonisation de l’économie. Hier [dimanche], Martine Aubry a dit ’chiche’ et appelé Nicolas Sarkozy à adopter un plan carbone zéro qui associerait l’État et les collectivités locales. En fait, nous rejoignons la position des ONG en faveur d’une contribution climat énergie efficace qui marquerait l’entrée dans la transition écologique."Le pôle écologique du PS est une sensibilité à l’intérieur du parti. Formé de militants et d’élus, il se définit comme un espace de dialogue et un outil de pression pour rendre le parti plus écologique. Eric Loiselet en est le co-animateur. Il est, par ailleurs, secrétaire national adjoint à l’environnement sous la houlette de Pierre Moscovici.
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