Grenelle de la mer : qu’en pensez-vous ? (2/4)

"Préservation des richesses, valorisation du potentiel maritime, exploitation maîtrisée des ressources de la mer..." Ce sont les problématiques brûlantes dont a hérité le groupe de travail numéro 2, présidé par Eric Guiily, président de Publicis Consultants (ancien pédégé de la Compagnie générale maritime et financière) et composé entre autres de Pierre-Georges Dachicourt, (président du Comité national des pêches et des élevages marins) et Patrice Guillotreau (économiste des ressources halieutiques). Les participants ont abouti à près de 150 propositions "dont seulement vingt n’ont pas fait l’objet d’un consensus", souligne le texte de synthèse de leurs travaux. N’empêche. Les débats ont été houleux dans ce groupe chargé de discuter notamment de la délicate question pêche. Bilan de leurs propositions, plus ou moins consensuelles :

 classer 10 % de la zone économique exclusive (ZEE) en aire marine protégée d’ici à 2012 contre 0,19 % aujourd’hui (objectif d’ores et déjà fixé par le Grenelle de l’environnement). Les pêcheurs se sont opposés à l’objectif de 20 % en 2020 et au classement de la moitié de ces aires marines en réserves, où la pêche serait interdite.

 exit les propositions de moratoires sur le chalutage ou sur la pêche d’espèces menacées comme le thon rouge, ou le requin à l’île d’Yeu. "Le dialogue a été positif, mais il ne faut pas nous expliquer comment on doit pêcher", a affirmé au journal Le Monde Pierre-Georges Dachicourt, le président du Comité national des pêches.

Plus consensuelles :

 créer six zones pilotes pour la gestion concertée des pêches, qui associeraient les usagers de la zone à la réalisation d’objectifs sociaux, économiques, et environnementaux à long terme

 renforcer l’encadrement de la pêche de loisir

 adopter les dispositifs de traçabilité des produits de la pêche et d’éco-labellisation (dont le Marine Stewardship Council) qui garantissent la gestion durable de la ressource, la protection de l’environnement et le développement social.

 concevoir un port du futur, qui pourrait être offshore pour limiter l’impact sur le littoral

 développer des bateaux et des engins de pêche du futur, peu consommateurs d’énergie, utilisant des énergies renouvelables, moins impactant pour l’environnement et capables de mieux sélectionner leurs prises.

"On ne va pas encore être déçu ?"

C’est certain, la délicate question de la pêche va dérouiller les claviers, se disait-on. Eh bien non. Le forum ne recueille que 62 commentaires. Marre des Grenelle ? Greenpeace, en tout cas, ne boude pas cet espace d’expression. L’ONG environnementale profite en effet du forum pour rappeler ses exigences : "Que l’engagement de 10% des eaux françaises en aires marines protégées soit tenu en 2012, et qu’il soit étendu à 20% en 2020", proposition justement repoussée par les pêcheurs. L’association demande également "un moratoire sur la pêche du requin taupe, des requins figurant sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), du thon rouge", lesquels ont également été repoussés par les pécheurs. Mais encore : "Pour la commercialisation des produits de la mer, nous demandons un objectif de 20% de produits de la mer éco-labellisés dans la restauration publique (cantines scolaires, hôpitaux,…) à l’horizon 2012." Cette proposition avait été formulée par le groupe, mais sans objectif chiffré.

Dami1681, lui, a les pêcheurs de loisir dans le nez : "Il serait bien d’avoir un peu plus de contrôle des pêcheurs de loisir qui ne respectent pas la taille des poissons et ça, ça me met vraiment en colère". Labrax14, de lui répondre : "Une réglementation de la pêche de loisir existe déjà au niveau des tailles. Il n’y a qu’à la faire respecter et la contrôler."

Sur la proposition d’encourager les entreprises à investir dans des bateaux et engins de pêche du futur respectueux de l’environnement, Oregondevon interroge : "Ne serait-il pas intéressant de mettre en place un programme de partenariats entre les écoles, les universités, le Pôle Emploi et les entreprises du secteur maritime ou concernés par ce secteur afin de mettre en place des solutions pour réaliser cet objectif ?" A la clé : des emplois suggère-t-il.

Pour conclure, Vince, du Pas-de-Calais salue ce Grenelle de la mer : "Bravo pour l’initiative !" et ironise : "Bien entendu, ce n’est pas que de la poudre aux yeux, n’est-ce pas ? On ne va pas encore être déçu ?"

Aller plus loin :
 Le site de consultation publique du Grenelle de la mer
 La synthèse du rapport du groupe de travail numéro 2

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