"La Mer peut-elle sauver la Terre ?". Ce pourrait être un sujet du bac, mais c’est l’une des interrogations sur lesquelles a planché le groupe du Grenelle "La délicate rencontre entre la terre et la mer". Des cerveaux des cinquante acteurs de ce groupe, composé notamment de la navigatrice Isabelle Autissier et présidé par Jérôme Bignon, député UMP, ont surgi 800 propositions. Quelques débats et aspirines plus loin, celles-ci se sont structurées autour de deux couples clefs : entre gouvernance et connaissance, entre protection et développement. En voici quelques-unes :
Imaginer une nouvelle gouvernance. Puisque "le littoral souffre d’être considéré comme un trait de côte sans épaisseur", le groupe 1 propose d’élargir sa gestion aux zones qui l’entourent en créant un conseil des bassins hydrographiques, du littoral et de la mer : le Conseil Baylimer.
Créer un ministère de la Mer "pour faire valoir, définir et appliquer une véritable politique de la mer cohérente".
Dessiner une "une trame bleue marine" afin de protéger la biodiversité, les espaces naturels et le paysage.
Que "plus aucun aménagement du littoral ne soit fait sans anticipation des risques naturel et changement climatique" (inondation, submersion et érosion du trait de côte).
Développer les énergies marines renouvelables (énergie thermique de la mer, énergie de la houle, photovoltaïque, etc. ) dans une vision respectueuse des milieux.
Organiser une filière de démantèlement et de recyclage des navires.
Préparer un avenir durable à la pêche, la conchyliculture, l’aquaculture et l’agriculture littorale, notamment en respectant les conditions de préservation des stocks halieutiques, en développant des techniques de pêche sélectives.
"Qui dit montée des eaux, dit migration"
La rencontre terre-mer n’a pas déchaîné les clavardages. A une semaine de la fin de la consultation, le débat ne réunissait qu’une centaine de contributions sur le site officiel du Grenelle. Au moins, leur message ne sera pas noyé dans des flots de palabres. C’est certainement ce qu’espérait Alain-Pierre, qui a profité de cette espace libre de commentaires pour mettre les points sur les "i". A propos des énergies issues de la mer, il écrit : "La voie de la facilité serait de mettre des éoliennes en mer. Ce serait une catastrophe nationale." Et ce vendéen cartésien de développer "A : Pollution visuelle depuis les côtes. B. L’éolien est mature. Il ne doit plus être subventionné. C- L’éolien en mer et l’éolien en général ne créent pratiquement pas d’emplois en France ; or l’emploi est la première des préoccupation des Français…"Une autres des propositions du groupe fait un flop, celle de créer un ministère de la mer. Le bien nommé Juste, de Paris, rappelle : "qu’avant, il y avait un ministère de la mer à Paris (place Fontenoy) qui regroupait tous les services." Mais Juste croît savoir que ceux-ci ont reçu l’ordre de déménager (pour la Défense, la Rochelle etc...). "Difficile de faire une politique cohérente quand tous les services sont éparpillés", juge-t-il.
Démanteler et recycler les navires, c’est bien. Les éco-concevoir serait encore mieux suggère Jean du Maine-et-Loire. "Il faut développer des outils nécessaires à évaluer et à optimiser les impacts des navires sur l’environnement liés à leur fabrication, à leur maintenance et à leur déconstruction. C’est une nécessité pour préserver l’avenir.", conclut-il.
Pour préserver l’avenir, il faudrait d’abord "préparer nos concitoyens des Dom-Tom à la montée des océans" alerte Nikaomen. "Les Maldives, les Seychelles s’y préparent mais nous ? Idem pour les régions côtières de la Loire ou de la Gironde, et de l’embouchure de la Seine. Sommes nous bien prêts ?", s’inquiète-t-il. Et Youguess de renchérir : "Qui dit montée des eaux, dit migration des populations côtières. Malheureusement il me semble que cette question n’a pas fait l’objet d’une place particulière dans ce Grenelle." regrette-t-il.
- Aller plus loin :
Le site de consultation publique du Grenelle de la mer
La synthèse du rapport du groupe de travail numéro 1
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Le dossier La mer est-elle l’avenir de la Terre ?
Trois questions à Jérôme Bignon, député UMP et président du Conservatoire du littoral
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