Réduire de 20% les émissions de C02 d’ici 2020 ? Facile. Pour Stockholm du moins : la ville a presque déjà atteint cet objectif, inscrit dans le paquet climat de l’UE. Les 800 000 habitants de la capitale suédoise essaient maintenant d’émettre moins de 3 tonnes de CO2 par an d’ici 2015, à comparer avec les 10,4 tonnes de l’Européen moyen [1]. Et en 2050, l’idée est carrément de se passer d’énergies fossiles.
Hammarby, quartier modèle
Et pour se projeter dans le futur, le mieux est de faire un tour à Hammarby Sjöstad. Cette ancienne zone portuaire est en train de subir une mue qui ne s’achèvera qu’en 2017. "A terme, l’objectif est de réduire les émissions du quartier de moitié, annonce juge Erik Freudenthal, qui anime le centre d’information sur l’environnement du quartier. Pour cela, tous les acteurs concernés ont dû se poser la même question avant d’entamer quoi que ce soit : comment faire plus durable ?".Des objectifs aux moyens, des paroles aux actes : c’est souvent le passage le plus difficile lorsqu’il s’agit de faire du développement durable. "La clé du succès, c’est d’avoir une forte volonté politique et que le projet soit assez bon pour qu’il ne change pas à chaque fois que la majorité bascule", confirme Erik Freudenthal. "Il faut aussi contraindre les promoteurs : les 55 constructeurs associés au projet ont signé un contrat avec des directives précises".
Mais plus que la place accordée aux transports en commun, aux espaces verts et les performances énergétiques des bâtiments, c’est le "modèle Hammarby" qui en fait un quartier unique. Le principe : un éco-cycle qui comprend l’eau, les déchets et l’énergie et qui vise l’autonomie complète. Ainsi, les déchets organiques et les eaux usées sont réutilisés pour produire du carburant ou du biogaz qui serviront au chauffage, à la climatisation, à la production d’électricité... et à faire rouler les voitures bien sûr.
La municipalité montre l’exemple
Ne croyez pas pour autant que le reste de la ville en est à des années-lumière. On y trouve également de la plupart des systèmes utilisés à Hammarby. Pour combattre le froid scandinave, Stockholm dispose en effet depuis 1950 d’un réseau de chauffage urbain. Fini les radiateurs électriques et les chauffe-eau à gaz individuels, tout est centralisé puis distribué, de la même manière que l’électricité. Vous ne risquez pas non plus de croiser beaucoup de camions poubelles dans les rues de la capitale suédoise : les déchets sont directement aspirés dans les bacs de recyclage par un système souterrain de pompes.Pour Gustaf Landahl, directeur du département de l’environnement, c’est aussi le fruit d’une "volonté politique claire". Lorsqu’il a fallu s’attaquer au problème des transports, il n’a d’ailleurs pas compté sur la conscience écolo de ses administrés. Alliée avec d’autres municipalités et un réseau d’entreprises, Stockholm a passé en 2000 une commande de 3 000 véhicules flexifuel (qui fonctionnent avec jusqu’à 85% d’éthanol). "Nous devons utiliser notre pouvoir de commandes pour mettre en avant les bonnes solutions. Pour les voitures propres, c’est nous qui avons créé le marché en Suède", assure-t-il.
La population suit
Grâce à des mesures incitatives comme le stationnement et le péage urbain gratuit pour ce type de véhicules, mais aussi des négociations avec les stations services pour qu’elles proposent des biocarburants, les particuliers et les entreprises ont suivi : 40% des ventes en 2008 étaient des voitures propres [2], contre environ 1% six ans plus tôt. Si le Suédois est vert, on l’y aide..."Nous avons aussi voulu augmenter l’usage des transports en commun, mais les gens pensent habituellement que les bus n’arrivent pas à l’heure, que ce n’est pas fiable", raconte Gustaf Landahl. Pour faire sauter ce verrou psychologique, il a inventé le "voyage garanti" : au bout de 20 minutes de retard, les clients peuvent prendre le taxi gratuitement. "Cela ne nous coûte rien puisque les transports sont gérés par des opérateurs privés : si les bus sont en retard, c’est à eux de payer car ils ne respectent pas le contrat", glisse-t-il.
Reste le volet social du développement durable. De son propre aveu, Hammarby Sjöstad a surtout attiré les classes moyennes voire supérieures. Pour favoriser la mixité sociale, la ville mise sur la rénovation urbaine, mais les émeutes de l’année dernière montrent que la question n’est pas réglée. La ville durable devra pourtant y trouver une réponse.
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