L’Afrique fait le point sur la crise

On en parle peu ou presque. Et pourtant depuis mercredi et jusqu’au 12 juin, 800 banquiers, chefs d’entreprise et chefs d’État africains se réunissent au Cap, en Afrique du Sud pour le 19ème Forum économique mondial sur l’Afrique. Loin des neiges et du luxe de Davos, cette réunion aborde pourtant sur un thème identique : comment se reconstruire après le passage de l’ouragan financier ? "L’Afrique peut compter sur sa population, jeune et en augmentation", ses ressources naturelles et un retour de la diaspora qui a découvert avec la crise que "l’herbe n’était pas nécessairement plus verte de l’autre côté", a martelé Jacob Zuma, le président sud-Africain, en ouverture du Forum.

Assez pour rassurer le continent ? Pas si sûr. Car si l’Afrique a été touchée très tardivement par la crise – près d’un an après les États-Unis et six mois après l’Europe – la tornade n’en a pas moins été dévastatrice. Après cinq années consécutives à 5%, la croissance annuelle du continent devrait plafonner à 2% en 2009, soit son plus bas niveau depuis vingt ans. Or, avec la baisse du PIB, disparaît l’espoir d’une amélioration du revenu par habitant (la population devrait en effet augmenter à un rythme proche là aussi de 2%). Selon les estimations de la Banque mondiale, le nombre de pauvres devrait augmenter de 10% pour atteindre 550 millions d’individus.

En cause : la baisse du cours des matières premières (dont le pétrole) et le recul de 10% des exportations, plombées par un retour des pays du Nord au réflexe protectionniste. Tandis que dans les foyers, les mandats venus des migrants viennent cruellement à manquer. L’argent envoyé de l’étranger devrait diminuer d’un milliard de dollars sur les 20 milliards acheminés l’an passé.

Pis, contrairement aux pays occidentaux, les pays africains ne disposent pas des moyens économiques et des leviers sociaux nécessaires pour absorber l’impact de la crise. Et les investisseurs, souvent refroidis par les situations politiquement délicates des nations visées se font de plus en plus rares. "Il ne faut pas tourner le dos à l’Afrique malgré sa réputation de continent marqué par la guerre et la corruption", a souligné Kofi Annan, l’ex-secrétaire général des Nations Unies.

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