Le résultat d’Europe Ecologie - 16,2%- vous a-t-il surpris ?
Je n’ai pas été surpris par le fait qu’Europe Ecologie passe devant le Modem. Mais qu’il fasse part égale avec le PS, ça oui. Je crois qu’une des explications du succès d’Europe Ecologie tient à l’intitulé même de sa liste. Le parti a évidemment parlé d’écologie mais ce sont aussi les seuls à avoir vraiment parler d’Europe. Le PS est parti sur le principe d’un vote sanction et n’en est jamais vraiment sorti. Ils n’ont présenté ni tête de liste, ni mot d’ordre vraiment enthousiasmants. De son côté, le Modem n’a même pas fait une campagne nationale mais carrément personnelle. C’était François Bayrou contre Nicolas Sarkozy. Pour les électeurs, c’était un peu comme d’assister à une dispute de voisins qui ne vous concerne pas mais dont vous percevez les éclats de voix. En clair, Europe Ecologie a bénéficié de la vacuité d’une opposition propre et a su éviter deux écueils : le manque de contenu et l’absence de référence à l’Europe. Les Français sont convaincus qu’il faut désormais se situer à une échelle européenne. Ils veulent comprendre comment fonctionne les institutions, discuter de leur réforme...
Les Verts ont-ils eu d’aussi bons résultats dans toute l’Europe ?
Je n’ai pas encore eu le temps de tout analyser. Mais je sais déjà que les résultats ont été assez bons en Allemagne, en Finlande et en Suède. Mais aussi en Grèce, alors que c’était moins attendu. Ce qui est sûr c’est qu’il y a une montée de la préoccupation environnementale dans l’UE. C’est ce que nous a montré un sondage réalisé auprès de 15 000 Européens en avril pour la Fondation pour l’Innovation politique. On prétendait pourtant que la crise économique allait ramener les électeurs vers des sujets plus durs comme l’emploi ou les revenus. Or, on voit aujourd’hui que l’écologie n’est plus une préoccupation post-moderne réservée à ceux qui ont déjà tout et qui veulent, en plus, vivre dans un environnement sain. Mais qu’elle est aujourd’hui un souci de premier plan. Ce changement semble particulièrement marqué en France. Europe Ecologie réalise le deuxième meilleur score d’une liste écologique en Europe depuis 1979 [premier scrutin européen]. Or, la France est un pays très peuplé, elle a beaucoup de députés. Ce vote va avoir un réel impact sur le Parlement. Même si la poussée est aussi exagérée par l’importance de l’abstention à ce scrutin.Europe Ecologie a-t-il bénéficié de cette forte abstention ?
Oui. Parce que les écologistes sont une population facilement mobilisable et mobilisée. Nous n’avons pas encore les résultats précis, mais les électeurs d’Europe Ecologie ont des chances d’être plutôt des CSP+, de 40 ans ou plus, diplômés, disposant de bons revenus et vivant en agglomération urbaine. Cette catégorie recoupe à peu près la sociologie de ceux qui participent aux élections quand l’abstention est massive. Le parti de Cohn Bendit a aussi bénéficié de la déception des sympathisants du PS ou du Modem. Ceux qui se sont quand même déplacés ne voulaient pas opter pour UMP mais voulaient voter pour l’Europe. Il n’y avait guère qu’Europe Ecologie qui remplissait ces critères. Mais il faut prendre ces résultats avec précaution. Quand les 60% d’électeurs qui se sont abstenus reviendront vers les urnes en 2010, 2012, ça pourrait chambouler tous les équilibres...A lire aussi dans Terra Eco :
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