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26-05-2009

Haro sur Allègre

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Haro sur Allègre
 
La rumeur continue de circuler, insistante, même si le principal intéressé à démenti. Claude Allègre pourrait être nommé à la tête d'un ministère de la recherche et de l'industrie lors du remaniement rendu nécessaire par les élections européennes, martèle-t-on. Problème : l'ex-ministre de l'éducation, géochimiste de formation, n'a jamais caché ses positions sur le réchauffement climatique, minimisant notamment la responsabilité humaine dans ce phénomène. Réactions à chaud recueillies (ou compilées) par Terra eco dans les milieux écologistes, politiques et scientifiques.
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Du côté des ONG

Serge Orru, directeur général de WWF-France : « Nommer Claude Allègre au gouvernement, c’est aller allègrement contre 2 500 scientifiques détenteurs du prix Nobel de la paix [les scientifiques du Groupe intergouvernemental d’étude sur le climat couronnés en 2007 pour leur travail sur le climat, Ndlr]. Les scientifiques disent depuis des années que le changement climatique est dû à nos modes de vie et de production. Certes, Claude Allègre ne fait plus de négationnisme sur la question même du dérèglement climatique. Mais il dit que ce n’est pas l’urgence. Or, il faut décarbonner, convertir notre économie. Qu’il y ait quelqu’un qui n’est pas convaincu de ça dans un gouvernement promoteur du Grenelle de l’environnement, c’est aberrant ! ».

Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France : « Si Claude Allègre entre au gouvernement, la France perdra le début de la reconnaissance qu’elle a acquise dans la lutte contre le changement climatique. Elle ira à Copenhague sans être entendue, sera la risée des autres pays. Elle retombera dans la position où elle était avant Bali : une sixième puissance du monde qui n’a pas de voix sur le changement climatique. A chaque fois que nous rencontrons Claude Allègre sur un plateau télé, nous sommes étonnés du caractère rudimentaire de ses arguments. Il ne tient pas des propos scientifiques mais populistes. Ce sont les arguments d’un vieux monsieur de 72 ans qui a eu ses heures de gloire en tant que biochimiste et qui n’arrive pas à remettre en doute ses convictions ».

Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement : « Pour nous, c’est l’incompréhension la plus totale. Alors que le gouvernement affiche un engagement envers le Grenelle de l’environnement, la nomination de M. Allègre serait à l’antithèse de ce Grenelle. Ça pourrait bloquer le processus. Au sein du gouvernement, il faudrait alors trouver un compromis entre les idées d’Allègre et de Borloo. Et le compromis risque de se faire vers le bas, vers le plus petit dénominateur commun. Déjà que le Grenelle a du mal à s’implanter... ça risque de tourner à la course de lenteur. A quelques mois du sommet de Copenhague, la France lancerait ainsi un signal au monde qui serait catastrophique »

Nicolas Hulot : « Allègre, ministre ? Ce serait un bras d’honneur aux scientifiques » (Le Journal du Dimanche)

Du côté des politiques

Daniel Cohn Bendit, deputé européen et co-fondateur d’Europe Ecologie : « Nicolas Hulot a raison, ce serait un bras d’honneur au Grenelle de l’environnement, ce serait la fermeture de cette parenthèse là. Le gouvernement reviendrait à la case départ. Ca mettrait en cause la lutte contre le réchauffement et la conception de la recherche climatique. Claude Allègre a nié l’amiante, il a nié le réchauffement climatique. Et les innovations qu’il ferait dans l’industrie irait à l’encontre des nécessités de rénovation. Et puis, ce serait le signe d’une recherche orientée, Allègre a sa conception de la recherche et comme il est monomaniaque et imbus de sa personne... En fait, c’est une question de climat, les politiques et les lois définissent un climat qui serait ainsi modifié. Mais est-ce que ça changerait quelque chose pour Copenhague, ça on verra... »

Jean-Luc Bennahmias, député vert au Parlement européen et candidat du Modem pour le scrutin du 7 juin : « Rien n’est fait, on est dans la fiction politique. Suivre les annonces de diffusion de Nicolas Sarkozy, le brouillage permanent des pistes ne m’intéresse pas du tout. Ca lui évite de parler des choses importantes comme les élections européennes. Maintenant, si cela arrivait, ce serait la cerise sur le gâteau. Le monde de la recherche en France est déjà tellement déstabilisé. Les enseignants chercheurs viennent de terminer un mouvement. Ils n’ont eu aucune réponse à leurs questions. S’il venait à être nommé, ça conduira à une déstabilisation et à un désabusement généralisé de l’opinion ».

Denis Beaupin, adjoint (Verts) au maire de Paris : « Ce serait une catastrophe pour l’image internationale de la France à quelques mois du sommet de Copenhague. Ca voudrait dire que le négationniste le plus célèbre sur le changement climatique – le plus célèbre depuis que George Bush n’est plus au pouvoir – se retrouve au gouvernement. La parole de la France sur le dérèglement climatique ne serait plus crédible ».

Corinne Lepage, ex-ministre de l’Environnement et vice-présidente du MoDem : « Je trouve ça affligeant qu’on puisse même envisager de faire entrer au gouvernement un négationniste de la crise écologique. Comment pourra-t-on faire coexister un Allègre et un Borloo dans le même gouvernement ? A moins de considérer qu’un ministre ne sert à rien. Et qu’on peut opposer tous les contraires. Ca n’a aucun sens sur plan politique et écologique. Le Grenelle se porte déjà assez mal, la nomination de Claude Allègre pourrait empirer la situation. »

Dominique Voynet, ex-ministre de l’Environnement, sénatrice de Seine-Saint-Denis (Les Verts) : « Je ne connais pas exactement les positions de Claude Allègre. Personne ne les connaît. L’homme a une dimension polémique, il épouse volontiers des thèses iconoclastes, minoritaires. Il adore choquer, bousculer. Les positions qu’il a prises jusqu’ici sur le sujet ont été peu scientifiques, peu respectueuses du travail qui fait par les scientifiques du GIEC. Sur le plan international, je ne crois pas vraiment qu’Allègre soit vu comme un négationniste climatique. Mais plutôt comme un type volcanique, incontrôlable, qui écoute peu. Or, dans des négotiations internationales , la construction est lente pour arriver à un consensus et demande de l’écoute. Cet aspect là est au moins aussi préoccupant que ses convictions sur le climat, s’il venait à être nommé. »

Alain Juppé, ex-premier ministre et maire de Bordeaux (UMP) : L’entrée au gouvernement de Claude Allègre constituerait un « contre-signal formidable (…) Il y a d’excellents esprits proches de l’UMP qui pourraient faire le job (…) La personne de M. Allègre n’est pas en cause mais ses thèses sont bien connues : pour lui, le réchauffement climatique n’est pas dû à l’activité humaine. Il est quasiment le seul à penser cela. ». (France Bleu Gironde)

Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP : L’ancien ministre du Travail a jugé qu’avec sa "liberté de ton" et ses qualités de "réformateur", l’ancien ministre socialiste avait un "profil intéressant pour la vie politique française". "Moi, je crois à l’ouverture parce qu’il est important qu’un gouvernement puisse aussi ressembler à la société française" (France Info).

Nathalie Kosciusko-Moriset (UMP) ex-secrétaire d’Etat à l’Ecologie et Ségolène Royal (PS), ex-candidate à la présidentielle de 2007, n’ont pas souhaité commenter.

Du côté des scientifiques

Jean Jouzel, climatologue, vice-président du Groupe intergouvernemental d’étude sur le climat (Giec), prix Nobel de la paix 2007 avec Al Gore : « Intégrer dans un gouvernement un ministre qui nie la réalité du changement climatique et les résultats de la communauté scientifique, c’est un signe très fort. Un signe qui n’est pas compatible, je le crains, avec l’actuel laboratoire qu’est le Medad, le grand ministère dirigé par Jean-Louis Borloo. Je n’ai aucune animosité envers Allègre, mais il y a une vision erronée de notre civilisation(...). Parce que si demain, il hérite d’un ministère où l’innovation joue un rôle central, quelle politique jouera ce ministère alors que la réalité du changement climatique doit irriguer un nombre de choix cruciaux et radicaux dans l’industrie et les nouvelles technologies ? » (Libération)

Alain Grandjean, économiste, membre du Comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot : « Si on met à la tête de la recherche quelqu’un qui va orienter de 180° les actions sur le développement durable, c’est mal parti. C’est aussi une grave erreur en terme de politique internationale de nommer quelqu’un de notoirement connu pour ses positions climatiques dans l’année de Copenhague. C’est très difficile de faire pire ! C’est un peu comme nommé le négationniste Faurisson au secrétariat des anciens combattants et des déportés. Le président de la République prendrait ainsi un risque énorme de crédibilité. C’est encore un message catastrophique envers le monde industriel et des entreprises qui essaie de trouver ses marques dans le développement durable. Tout cela serait stoppé. Moi, je pense que Claude Allègre a fait partir cette rumeur. C’est bon pour son ego. Mais je ne pense pas que Nicolas Sarkozy prendra ce risque... »

Jean-Marc Jancovici, ingénieur conseil [auteur de « Ernergie-Climat : C’est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde »] : « Si Nicolas Sarkozy veut se ridiculiser à huit mois du rendez-vous de Copenhague, il peut nommer Claude Allègre. Quand George Bush s’en va, Sarkozy nous parle d’Allègre ! Un négationniste en matière d’environnement. C’est Le Faurisson du climat. » (Le Figaro)

Et Claude Allègre ?

L’intéressé, harcelé par les sollicitations des journalistes, a finalement adressé un communiqué mardi 26 mai à l’AFP, dans lequel il dénonce "les mensonges et les affabulations" dont il se dit l’objet. Il rappelle qu’il a lancé "le premier programme français de géothermie", "travaille depuis 20 ans sur les pollution des fleuves", "ministre, j’ai encouragé le développement de la voiture électrique", écrit-il. "En tant que scientifique et citoyen, je ne veux pas, comme certains, que l’écologie contribue à accentuer la crise et fasse encore plus souffrir les plus démunis", ajoute M. Allègre. "Je crois qu’il y a un changement climatique attesté aussi bien par la fonte de la banquise Nord que par le développement des phénomènes extrêmes. Ce dont je doute, c’est qu’on ait compris l’ensemble des processus mis en jeu, tant le climat est un phénomène complexe. Ce dont je doute encore, c’est que l’on puisse prédire le climat dans un siècle, alors qu’on a du mal à prédire la météo chaque semaine".

A lire aussi dans Terra eco :
- Allègre dans le texte (ce qu’il a bel et bien écrit au sujet du réchauffement climatique et des écologistes)
- Le dossier "Climat, vous n’avez encore rien vu"

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