Tandis que beaucoup de clubs de sport font de l’insertion sans le savoir en jouant, par exemple, sur les relations des parents pour trouver des stages aux enfants, Christophe Tiozzo a décidé de formaliser le concept de l’insertion par le sport. A 46 ans, le triple champion du monde de boxe n’a pas oublié qu’il est né à Saint-Denis, dans le 93, et que ses débuts n’ont pas toujours été simples. Les problèmes d’exclusion dans les banlieues le touchent tout particulièrement.
En avril 2008, après dix ans de passage à vide [1] consécutifs à sa retraite sportive, le boxeur décide de monter son association avec l’aide du banquier Thomas Piquemal, lui-même féru de boxe : il s’agit d’aider les jeunes des quartiers à s’insérer plus facilement dans la société . Pour cela, Christophe Tiozzo prévoit de créer des salles de boxe au cœur des cités et de labelliser d’autres salles existantes désireuses de s’engager dans une démarche d’insertion.
"La boxe est une discipline exigeante et technique, souligne Marie Garnier, déléguée générale de l’association. On voit donc vite qui est sérieux et qui veut vraiment s’en sortir." Les entraineurs ont bien sûr pour rôle d’assurer une formation sportive, mais aussi celui de faire travailler les jeunes sur les valeurs véhiculées par ce sport, et de d’identifier ceux qui auront besoin d’aide. Mais attention, "l’idée n’est pas de dire ’Venez faire de la boxe, on va vous trouver un boulot’, précise Marie Garnier, car rien n’est acquis d’avance. Tout dépendra de l’attitude des jeunes et des besoins des entreprises".
Insertion
Le premier club de l’Académie a vu le jour en janvier 2009 dans un quartier classé "politique de la ville" de Villiers-le-Bel (Val d’Oise). Prix d’inscription : 80 à 180€ pour l’année, licence comprise. Trente élèves y boxent déjà. A terme, l’association attend 100 licenciés, sans compter ceux du club qui ouvrira prochainement à Toulouse, dans le quartier du Mirail. "Nous voulons aider les entreprises des secteurs en tension avec lesquelles nous sommes partenaires, comme Casino ou la branche propreté de Veolia, mais aussi le secteur du BTP, à satisfaire leurs besoins de recrutement".L’association de Christophe Tiozzo est financée par des fondations d’entreprises telle celle de Veolia, la Fédération française des jeux ou la Fédération des HLM, ainsi que par Antropia, l’incubateur social créé par l’ESSEC en partenariat avec la Caisse d’Epargne, ouvert à tous les Franciliens depuis 2007. Ancien élève de l’école de commerce, Thomas Piquemal avait naturellement proposé à l’ex roi du ring de déposer un dossier auprès d’Antropia. Tremplin pour les entrepreneurs sociaux, l’incubateur parisien fournit à ses incubés une aide méthodologique (rédiger un business plan social), un soutien de mise en réseau vers des partenaires, et une aide financière. Elle s’est ainsi engagée à financer 6 mois du salaire (18 000€) du futur chargé d’insertion qui sera recruté en septembre, et 3 mois supplémentaires si L’Académie arrive à démontrer qu’elle possède suffisamment de fonds pour pérenniser le poste. Seul regret des porteurs du projet : la quasi absence des filles dans les salles. Pour y remédier, l’association envisage de lancer des cours d’aéroboxe en septembre, un mélange de boxe et d’aérobic qui attire plus facilement le public féminin.
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