Obama : après les discours, les actes ?

« Pour protéger notre planète, il est maintenant temps de changer la façon dont nous utilisons l’énergie. Ensemble, nous devons affronter le changement climatique en mettant fin à la dépendance mondiale vis-à-vis des énergies fossiles, en nous approvisionnant à de nouvelles sources d’énergie comme l’éolien et le solaire et en appelant toutes les nations à participer. Et je vous promets que dans cet effort mondial, les Etats-Unis sont prêts à jouer les leaders. » C’est à Prague, le 5 avril dernier, devant une foule de 30 000 personnes, qu’Obama a prononcé ces quelques phrases en marge d’un sommet de l’Union européenne. Certes, celles-ci n’ont occupé que quelques minutes dans un discours d’une demie heure largement consacré à la menace nucléaire. Il n’empêche. L’Amérique se déclarait prête à jouer enfin un rôle de premier rang dans la bataille contre le changement climatique.

Des paroles aux actes ? Deux députés entendent bien en tout cas ne pas laisser ces promesses rejoindre les oubliettes de la politique. Quelques jours avant le discours d’Obama à Prague, Henry Waxman et Edward Markey ont livré un texte de 648 pages au Comité énergie et commerce de la Chambre des représentants. Leur objectif : fournir matière à discussion avant l’élaboration d’une loi sur l’énergie propre et la sécurité énergétique. Celle-ci, ont-ils promis, sera livrée à la Chambre des représentants le 25 mai prochain.

Dans ses lignes, des engagements à redonner le sourire aux groupes environnementalistes. 25% de l’énergie devra être puisée au robinet renouvelable d’ici à 2025. Les voitures devront être plus économes en énergie et le réseau d’électricité plus efficace. Les universités recevront des financements si elles forment des étudiants au secteur renouvelable et à la lutte contre le changement climatique. Un centre consacré au Climat sera créé pour mener la recherche sur le sujet. Mieux, l’Agence américaine pour le dévelopemment sera priée de venir en aide aux pays en développement les plus touchés par le changement climatique.

Autant de mesures prometteuses. « Ce projet de loi combine bien les mesures nécessaires et la vision à long terme indispensable pour bâtir une économie verte capable de nous tirer de la crise économique actuelle », a notamment souligné Carl Pope, le directeur exécutif de Sierra Club, un groupe environnementaliste.

Mais tout n’est pas tout rose – ou vert – dans le projet de loi, souligne ailleurs Greenpeace. Sur son site, l’organisation souligne le danger d’une compensation carbone plafonnée à 2 milliards de tonnes d’émissions. « Si toute cette quantité est utilisée, les réductions d’émissions prévues par le projet de loi pourraient être atteintes sans aucune réduction d’émissions d’énergie fossile en vingt ans. Nous ne pouvons pas résoudre le changement climatique en plantant des arbres et en continuant à polluer indéfiniment. » Enfin, Greenpeace s’inquiète des financements promis aux entreprises qui explorent "la séquestration carbone", une technologie qui n’a pas encore fait ses preuves.

Reste que le changement est palpable et que l’Amérique pourrait en sentir bientôt les effets bénéfiques. Selon un panel de scientifiques, un programme promouvant les énergies renouvelables comme celui proposé dans le projet de loi Waxman & Markey pourrait aboutir à la création de 297 000 emplois et permettre aux consommateurs d’économiser quelques 64,3 milliards de dollars sur leurs factures de gaz et d’électricité d’ici à 2025.

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