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23-06-2009

L’agrocarburant E10 est-il si "super" ?

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L'agrocarburant E10 est-il si "super" ?
 
Commercialisé à la pompe depuis le 1er avril avec comme objectif de réduire l’impact des transports sur le réchauffement climatique, le nouveau supercarburant 95-E10 semble remplacer le SP95 plus vite que prévu. Premier bilan de sa mise en place.
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Les industriels de la betterave, les groupes pétroliers et automobiles se félicitent. Le SP95-E10 est un véritable succès. C’est en tout cas ce qu’ils assuraient lundi 22 juin, lors d’une conférence de presse destinée à faire le bilan de ce nouveau carburant composé à 10% d’alcool de synthèse fabriqué à partir de betterave, blé et maïs, et à 90% d’essence sans plomb SP95. Deux mois après son lancement le 1er avril, l’E10 est en vente dans plus de 1 015 des 13 000 stations-essences du pays (soit 8% des points de vente). Et dès la fin de l’année, 70% des stations de l’Hexagone en proposeront. "C’est un produit qui va avoir une croissance exponentielle dans les dix ans à venir, a souligné Alain Jeanroy, directeur général de France Betteraves. J’espère que la France saura saisir cette opportunité. C’est une opportunité énergétique, écologique et créatrice d’emplois."

Aubaine pour le consommateur, l’E10 coûte 3 à 5 centimes de moins que le traditionnel SP95. Selon Laurent Hecquet, délégué général de l’association de défense des droits des consommateurs, le seul problème réside dans la disparition un peu trop rapide du sans plomb 95 : "En région parisienne, l’E10 a tendance à se mettre en place au détriment du SP95", sans que le consommateur ne soit toujours au courant de la compatibilité ou non de son véhicule avec ledit carburant. Or, poursuit-il, "une utilisation répétée de l’E10 pour des véhicules datant d’avant l’an 2000 peut entrainer une corrosion du moteur et des joints". Obligés de se conformer aux réglementations, les pétroliers invoquent en effet le manque de pompes pour remplacer le SP95 par l’E10, au lieu de faire cohabiter dans un premier temps les deux carburants. Chez BP, on a carrément décidé de retirer le sans plomb 95 depuis la mi-mai. Et pour les 40% de véhicules - trop vieux - qui ne peuvent carburer à l’E10, reste le SP98, en moyenne 5 centimes plus cher que le 95. "Choquant", juge Laurent Hecquet, qui en appelle à une meilleure prise en compte des droits des consommateurs : "Il faut veiller à ce que la mise en place de l’E10 ne constitue pas une forme de prise d’otage des automobilistes, qui, de toute façon, se retrouvent contraints d’acheter un carburant plus cher."

Clivage

Avant son lancement au 1er avril, l’agro-carburant E10 avait suscité une polémique entre ses partisans, au nombre desquels les céréaliers, betteraviers, constructeurs automobiles et l’Etat - qui a donné son feu vert par un décret du 26 janvier - et ses opposants écologistes.

Sur le plan environnemental, l’E10 réduit a priori les émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de 2002 signée par l’Ademe et le ministère de l’Industrie, le bioéthanol permettrait une réduction de 60% des émissions de CO2 du "champ à la roue"- production, acheminement du carburant et émissions des véhicules prises en compte - et aurait un bilan énergétique deux fois meilleur que l’essence. Sur le plan politique enfin, l’E10 donne à la France une longueur d’avance dans la réalisation de l’objectif européen, à savoir 10% d’énergies renouvelables dans le transport d’ici à 2020.

Passé au crible des ONG environnementales, le supercarburant semble pourtant beaucoup moins "super" que prévu. D’abord le chiffre de 60% de réduction des gaz à effet de serre ne s’applique qu’à la portion - 10% - de bioéthanol inclue dans l’E10. Pis, ce carburant ne permet pas de consommer moins. Greenpeace calcule la surconsommation à environ 3% par rapport à un carburant classique (1,7% selon les industriels du secteur). Pour le même nombre de kilomètres, l’utilisateur devra donc acheter une quantité plus importante d’E10. Résultat, le gain à l’achat sera annulé ou très fortement tempéré par la nécessité de consommer plus. "La surconsommation est minime, se défend néanmoins Alain Jeanroy, directeur général de France Betteraves. Grâce à l’E10, le conducteur peut continuer de gagner 2% sur le prix." "1 ou 2% ce n’est rien, affirme encore François Roudier, du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles. Avoir de bons pneus bien gonflés peut faire baisser de 5% la consommation de carburant."

Peut-être sauf qu’à l’avenir, l’automobiliste devra aussi tabler sur une hausse du prix à la pompe de l’E10 en raison du coût de revient d’un agrocarburant, largement supérieur à celui de l’essence. Et si le prix du baril de pétrole venait encore à chuter, l’avantage économique de l’E10 sur son prédécesseur pourrait bien s’envoler tout à fait. Et quid de l’étude américaine signée Marc Jacobson et parue il y a deux ans, qui démontrait que la combustion d’éthanol produisait de l’ozone, guère favorable aux poumons ? Pour les associations de défense de l’environnement la solution passe plutôt par les voitures propres ou par l’utilisation de biocarburants de seconde génération, fabriqués à partir des parties non comestibles des plantes.

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