Le climat, grand oublié du G20

Une relance économique, une liste noire de paradis fiscaux, un triplement du budget du FMI, autant de points débattus et fixés au sortir du G20. Mais du changement climatique, point de mention ou presque. Dans le communiqué final, seule la promesse d’un accord au sommet de Copenhague est apparue, reléguée à la fin d’un texte de neuf pages. « Nous réaffirmons notre engagement à adresser la menace du changement climatique (...) et à parvenir à un accord à la conférence des Nations Unies sur le Changement climatique à Copenhague en décembre 2009. » « Vous vous êtes mis d’accord sur le fait que vous allez vous mettre d’accord », a résumé un journaliste lors d’une conférence de presse d’Ed Miliband, le secrétaire d’Etat à l’écologie, tenue en marge du sommet.

Malgré les belles promesses de Green New Deal et de révolution verte, les dirigeants semblent avoir laissé les considérations climatiques à la porte du sommet. « Nous avons besoin que la relance économique soit verte, soulignait pourtant Toby Quantrill, de WWF, avant l’issue de la journée. Nous avons besoin d’investissements et de technologies pour réduire les émissions et aider les pays en développement. Mais pour le moment, les engagements sont purement théoriques, il n’y a rien de concret. » « Il aurait fallu qu’ils mettent en place des objectifs en vue de Copenhague. Qu’ils disent que les températures ne doivent pas augmenter de plus de 2°C, que les émissions des pays développés doivent être réduites de 40% en 2020, que les pays riches doivent verser 100 milliards de dollars aux pays en développement... », énumérait Paul Cook, directeur de la campagne pour Tearful, une organisation caritative consacrée au développement et à la défense du climat.

Dans les lignes du communiqué final, rien de tout cela. Pourtant le timing semblait idéal, en cette heure cruciale où l’économie mondiale est en voie de reconstruction. « Ces milliards de dollars investis dans le monde pourraient l’être dans des initiatives vertes, souligne Paul Cook. Si ce n’est pas le cas, il risque de ne plus y avoir d’argent pour la lutte contre le réchauffement et nous le paierons très cher. » Selon un rapport publié en février par la banque HSBC, seuls 7% de l’argent investi dans la relance en Grande-Bretagne passera par des initiatives vertes (21,2% en France, 13,2% en Allemagne, 5,8% en Espagne et un tout petit 1,3% en Italie). « Les dirigeants continuent de vouloir ignorer que crise économique, changement climatique et inégalités sont intrinsèquement liés. Si la source de ces problèmes est la même, les solutions aussi », décryptait encore Toby Quantrill. Loin des oreilles de leurs dirigeants, la population, elle, commence à comprendre le message, assurent néanmoins les organisations du lobby vert. Samedi 28 mars, dans les rues de Londres, 35 000 personnes ont battu le pavé londonien pour demander qu’on donne la priorité aux gens et au climat avant la recherche du profit. Mercredi 1er avril, un campement climatique avait élu domicile devant la bourse européenne d’échange de quotats de CO2 pour souligner l’urgence des mesures environnementales à prendre. « C’est le début d’un processus, un processus social », martelait encore Toby Quantrill de WWF.