Les lignes à haute et très haute tension (THT) sont-elles dangereuses pour la santé et l’environnement ? C’est la question que l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques aurait bien voulu aider à trancher hier. Organisée par le sénateur Daniel Raoul (PS, Maine-et-Loire), l’audition d’une dizaine d’experts visait à dresser le panorama des connaissances scientifiques actuelles. Malgré l’inquiétude soulevée dans l’opinion par les champs électro-magnétiques, les experts ne s’accordent que sur une chose : l’effet sur l’animal est nul. En revanche, il n’y a aucune certitude sur l’homme.
"Manque de données fiables"
Interrogés, plusieurs médecins ont mis en avant l’absence de données fiables, faute de méthodologie imparable. L’un d’entre eux a même parlé de "crise de l’épidémiologie environnementale". Déroulant son argumentation, Dominique Maillard, président de RTE (réseau de transport d’électricité) [1], a lis les points sur les i : "Il n’existe aucune causalité avérée entre l’apparition de leucémies infantiles et la proximité de lignes THT."En 2005, le rapport Draper avait en effet alarmé le public en montrant que le risque de leucémie infantile était supérieur de 69% à la moyenne pour les enfants habitant à moins de 200 m d’une ligne THT, et 23% plus élevé pour une distance comprise entre 200 et 600 m. Mais depuis, la méthodologie employée a fait l’objet de nombreuses critiques.
Un malaise à prendre en compte
Ne pouvant se contenter d’un avis mi-chèvre mi-chou , Jean-Claude Bossard, maire de Le Chefresne (Manche), a fait part de sa colère. Pour lui, l’impact des 13000 km de lignes à THT (400 000 volts) est largement sous-estimé, au même titre que le furent ceux de l’amiante. En attendant que les experts s’accordent, il voit ses administrés déménager loin des câbles électriques.Selon une étude statistique menée en Normandie et pilotée par le Criirem [2], 15,8% des 2868 personnes demeurant à moins de 300 m d’une ligne THT ont déclaré ressentir un "état dépressif", contre 7,9% des 976 autres demeurant dans la zone non exposée. Pour Pierre Le Ruz, président de l’organisme, les résultats de cette étude sont "un reflet du ressenti de la population concernée, qui doit être pris en compte".
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