Pékin met les vieux tacots hors piste

Il aura fallu que les JO passent par la Chine pour apporter aux Pékinois un souffle d’air frais, en enlevant du jour au lendemain près de 2 millions de véhicules des rues. Depuis, Pékin enchaine les expérimentations "vertes" pour prolonger ce qui a été fait pendant les Jeux. Objectif : réduire le taux d’émission de polluants générés par les 3,5 millions de quatre roues en circulation.

La chasse aux pollueurs

A compter du 1er janvier, les automobilistes au volant de l’une des 350 000 berlines ne respectant pas le standard minimal anti-pollution Euro 1 - appelé aussi label jaune - adopté en... 1992 par la Chine, ne pourront plus pénétrer à l’intérieur d’un rayon de 10km autour de la ville, ce qui correspond au 5ème périphérique. Trois mois de sursis leur sont accordés, au terme desquels ces pollueurs invétérés (les nouveaux véhicules achetés à Pékin sont au standard Euro IV) devront s’acquitter d’une taxe d’environ 11€, soit 12% du salaire moyen hebdomadaire. A partir du 1er octobre, la mesure sera étendue au 6ème périphérique, soit jusqu’à 15 à 20km du centre-ville.

S’ils ne représentent que 10% du total du parc automobile, ces véhicules sont responsables de 50% des émissions polluantes liées au trafic, selon le Bureau de protection environnementale de la capitale. En octobre déjà, interdiction avait été faite aux automobilistes de circuler une journée par semaine à l’intérieur du 5ème périphérique, weekends non compris et pendant six mois, en fonction du dernier chiffre de la plaque d’immatriculation. Grâce à cela, ce sont 800.000 véhicules qui ont disparu par jour, même si les plus fortunés ont tenté de contourner la mesure en achetant un 2nd véhicule.

Payés pour rester au garage

L’heureuse nouvelle -si la mesure est appliquée à la lettre- c’est que la municipalité a décidé d’accompagner ces restrictions de compensations parfois généreuses. A ceux qui laissent leur voiture au garage, elle promet entre 90 € et 2800 € lors d’une 1ère phase qui court jusqu’au 1er juillet 2009 et entre 55€ et 2400 € lors de la 2nde phase qui s’achève le 31 décembre. Les propriétaires des véhicules les plus anciens et les plus lourds recevront une plus forte compensation. A cela s’ajoutent des aides et des prêts à taux préférentiels pour s’équiper de véhicules moins polluants.

Carburant cher

L’autre petite révolution, c’est que la Chine a annoncé le 18 décembre une hausse des taxes sur le carburant, +0,8yuan/litre pour l’essence et +0,7yuan/litre pour le diesel. Cette hausse est indolore pour le moment, puisqu’elle a été compensée par une réduction des prix de référence de l’essence et du diesel désormais indexés sur les prix mondiaux, mais elle pourrait inaugurer à terme une nouvelle ère de carburant cher si les cours du brut augmentent.

(Crédit : Bobby Earle)