Mauvaise année pour les viticulteurs. "La conjoncture est particulièrement difficile", constate Jérôme Despey, président de la filière vin à l’observatoire national Viniflhor et vice-président de la FNSEA [1], lui-même viticulteur. Le volume de vin produit cette année devrait avoisiner les 43 millions d’hectolitres, contre plus de 45 en 2007 et près de 55 en moyenne sur les dix dernières années. "C’est la saison la plus mauvaise depuis le gel de 1956", explique-t-il. Les Français consomment 30 millions d’hectolitres de vin, en exportent 15 et en importent 5 ou 6. En 2008, c’est donc près de 2 à 3 millions d’hectolitres qui resteront sur le carreau.
Concurrence étrangère
Mauvaise passe ou tendance de long terme ? Les raisons de la crise sont à chercher du côté de la baisse de la demande, avec des consommateurs tiraillés par des offres alléchantes venues d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Chili, d’Argentine ou encore des Etats-Unis. Ces nouveaux producteurs ont, en outre, su créer une demande différente. "Le public veut aujourd’hui des produits plus sucrés, plus légers", poursuit Jérôme Despey. La crise économique n’est bien sûr pas étrangère aux soucis rencontrés par les vignerons français. Mais plus que tout, c’est le secteur hexagonal pêche par sa mauvaise organisation.
"Pour les trois prochaine années, nous prévoyons 175 000 hectares d’arrachage en Europe", dit Jérôme Despey. Vous avez dit arrachage ? Oui, les exploitants détruisent de la vigne. Pourquoi ? Pour s’adapter à la demande, d’une part. Les anciens crus ont perdu la côte, place aux jeunes. Mais aussi pour renflouer les caisses. Car tout arrachage entraîne une subvention européenne : de 6000 à 7000 euros par hectare.
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