C’est à qui portera le plus haut l’idée de l’indépendance énergétique des États-Unis. Las des guerres lointaines pour le contrôle des robinets, ou des hausses des prix de l’or noir via l’essor de la Chine, les USA veulent rouler à l’essence locale.
Puisons plus près, puisons moins cher
Le parti démocrate vient ainsi d’obtenir un vote favorable de la Chambre des Représentants. Si le texte obtient au moins 60 voix sur 100 au Sénat la semaine prochaine, il autorisera l’exploitation de gisements pétroliers situés entre 50 et 100 miles des côtes (soit 80 et 160 kilomètres), sous réserve de l’aval des Etats voisins.Les forages à cette distance étaient jusqu’ici interdits ou très règlementés, suite à la plus importante marée noire de l’Histoire dans le Golfe du Mexique entre juin 1979 et mars 1980. Cette nouvelle loi pourrait aussi autoriser le forage au-delà de la limite des 100 miles sans accord préalable des Etats américains limitrophes.
"Cette mesure ne relève ni de la sphère économique, ni de la sphère environnementale, ni même de la recherche de solutions alternatives. Ce n’est qu’une question de gros sous pétroliers !", s’est insurgé John Passacantando, directeur de Greenpeace États-Unis. "Le secteur veut toujours plus et le Congrès doit mettre le holà !".
Deux adversaires pour une même cause...
Proposé par les démocrates, ce projet a reçu le soutien du candidat républicain John McCain. Sarah Palin, dame de fer colistière du vénérable candidat, a même fait de ce sujet une de ses priorités.Plus étonnant encore, la loi divise le parti républicain qui défendait pourtant le projet au début de la campagne. Selon ces derniers, cette initiative n’encourage pas le développement de l’énergie nucléaire à laquelle Barack Obama refuse de se soumettre. Or, cette opposition des conservateurs pourrait bloquer net l’élan des libéraux au vu de leur main mise sur le Sénat.
Selon John Passacantando, il faut "investir dans le transport public pour offrir aux gens un plus large choix". Et "encourager la transition vers des énergie efficaces et renouvelables, créatrices d’emploi domestiques".
Le président George W. Bush s’est quant à lui dit prêt à exercer son veto si le Sénat validait le texte... sous prétexte qu’il n’allait pas assez loin dans la liberté de forage.
... aux allures de leurre électoral
Tout cela sent un peu le coup de bluff, ou du moins l’opération sans risque. Le candidat démocrate Obama aurait en effet tout intérêt à porter ce projet qui va dans le sens d’un retrait des troupes américaines au Proche-Orient, auquel la majorité des électeurs adhèrent. Sachant que l’échec de la loi serait imputable à la majorité républicaine au Sénat.D’autant que les experts s’accordent à dire qu’il faudrait 10 à 15 ans pour que les forages domestiques influent sur les cours, et que le gros des réserves offshore se trouvent à moins de 50 miles des côtes, donc dans une zone exclue de toute exploitation...
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