Le poste cache un despote

Telepolis est une ville où la télévision est devenue dictature. Ses habitants, réduits au silence, n’ont plus de paroles. Ils n’ont que des mots qui s’échappent sans bruit de leurs lèvres. Le petit écran les nourrit d’aliments TV les poussant à la passivité. Et obnubilés par la consommation, ils se sont peu à peu désintéressés de la politique, laissant le champ libre à la tête du régime au terrible Monsieur Télé. A coups de cercles hypnotiques, le tyran espère mettre la ville à ses pieds. Une seule chance demeure pour déjouer son plan machiavélique : La voix et le petit garçon aveugle, les deux uniques personnages à posséder encore la parole. Eux seuls ont le pouvoir de renverser le régime.

"Téléguidés"

Pour son second film, Esteban Sapir s’attaque à un sujet polémique très contemporain : l’implication des médias dans la manipulation des esprits. Selon lui, "les images sont utilisées massivement comme des armes d’invasion de notre pensée. Elles en deviennent des outils très dangereux dont se servent conjointement la politique et la presse pour "téléguider" l’opinion publique." Pour formuler sa critique, le réalisateur argentin n’a pas fait le choix du documentaire. Trop frontal. Il lui a préféré la subtilité du conte philosophe. Il cadre un monde métaphorique en noir et blanc, imprégné de références au cinéma muet [1]. Les personnages : une petite fille qui pleure, un professeur fou, un soldat à la tête de monstre, une danseuse de papier notamment évoluent dans un monde imaginaire assez rétro. Le tout donne une fable enfantine pour le moins insolite mais pleine de poésie.