"Les Etats-Unis se sont isolés"

La conférence sur le climat de Bali a dépassé son heure officielle de clôture sans être parvenue à un accord sur l’avenir de la lutte contre le réchauffement. Les Américains mettent un point d’honneur à ne pas fixer d’objectifs chiffrés d’émissions de CO2. Comment expliquer cette obstination ?

La position des Américains est fidèle à elle-même, c’est-à-dire que tant que cette administration est en place, le gouvernement fédéral n’entend pas bouger. C’est pour cela qu’il vaut mieux construire un nouveau régime climatique fort, sans les attendre, et de toutes façons, ils finiront par se rallier au processus à partir de 2009. Mais ils ne doivent pas servir d’excuse à d’autres pour freiner des quatre fers lorsqu’ils s’agit d’avancer.

Et que pensez-vous de la position chinoise ?

Ils sont beaucoup plus ouverts lors de cette conférence que par le passé. Ils ont mis des propositions intéressantes sur la table et ont parlé pour la première fois de s’engager davantage dans la lutte contre le changement climatique. Mais, toutefois, à condition que les pays industrialisés les aident d’un point de vue technologique et financier.

Comment voyez-vous la fin des discussions sachant qu’il y a désormais le rendez-vous de 2009 ?

L’Union européenne doit tout tenter pour construire une coalition forte avec les pays en développement, le Japon et l’Australie pour tenter d’avancer et laisser de côté les mauvais élèves que sont le Canada et les Etats-Unis qui, de toutes façons, s’isolent par eux-mêmes de par leur comportement récalcitrant et obstructeur dans les négociations. Dans tous les cas, il importera de trouver un accord sur le futur régime pour l’après-2012 d’ici la conférence de Copenhague, fin 2009. Et ce, pour éviter tout hiatus entre le première et la deuxième période d’application du protocole de Kyoto.

En effet, si on regarde ce qui s’est passé pour le Protocole de Kyoto, celui-ci a été adopté en 1997, ses règles du jeu ont été définies en 2001, à Marrakech et il n’est entrée en vigueur qu’en février 2005. La ratification par les Etats du nouvel accord prendra au minimum trois ans. Pour arriver à s’entendre sur un nouveau traité en 2009, la feuille de route qui se décide ici à Bali, pour les négociations des deux années à venir, doit être la plus complète, la plus ambitieuse et la plus transparente qui soit. Elle ne doit pas se contenter de fixer un processus, mais ce dernier doit être accompagné des sujets de fond qu’il faudra traiter pour engager l’ensemble de la communuaté internationale sur un nouvel accord. Des sessions extraordinaires, au-delà du calendrier officiel, devront être organisées et les Etats industrialisés doivent faciliter la tenue de celles-ci en mettant l’argent nécessaire sur la table

Retrouvez "Bali in vivo", une chronique de Morgane Créach, du Réseau Action Climat.