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10-12-2007
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Chronique

Climat plombé sur Bali

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"Bali in vivo", la chronique de Morgane Creach, représentante française du Réseau Action Climat qui participe à la conférence internationale sur le climat.
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La semaine qui s’annonce est décisive pour les négociations de Bali sur le changement climatique. Les ministres arrivent en effet mercredi et le Réseau Action Climat France (RAC-F) espère qu’ils passeront à la vitesse supérieure pour définir, d’ici vendredi, un mandat de Bali le plus complet et le plus ambitieux possible. A l’horizon : la conclusion d’un nouvel accord sur le post-2012 lors de la conférence de Copenhague qui se déroulera en 2009.

La semaine dernière, beaucoup de sujets capitaux ont été mis sur la table. L’un des enjeux de cette conférence consiste à donner une suite au Dialogue sur des actions futures pour lutter contre le changement climatique, qui avait été décidé à Montréal. Ce Dialogue a eu lieu pendant deux ans entre toutes les parties à la Convention climat, c’est-à-dire entre l’ensemble des pays industrialisés et en développement. Il avait pour but d’identifier des actions possibles de la part des pays en développement pour participer davantage à la lutte contre le changement climatique, après 2012, fin de la première période d’application du protocole de Kyoto. Mais le mandat de ce Dialogue était limité : pour recueillir l’assentiment du plus grand nombre, la décision adoptée à Montréal précisait explicitement que ce Dialogue ne devait pas conduire à l’adoption de nouveaux engagements.

A Bali, les pays doivent se mettre d’accord sur l’avenir de celui-ci : est-ce que ce Dialogue se poursuit dans sa forme actuelle ou bien, passe t-on à présent à un véritable processus de négociation ? L’Afrique du Sud, le Brésil mais aussi la Chine semble assez enclins à entrer dans une véritable phase de négociations sur des actions possibles de la part des pays en développement. Ce Dialogue pourrait ainsi se transformer en un groupe de travail formel qui conduirait à l’adoption par les pays en développement d’engagements pour la réduction de leurs émissions. Ces engagements ne seraient cependant pas identiques à ceux des pays industrialisés, c’est-à-dire qu’ils ne revêtiraient pas la forme d’engagements chiffrés. Il s’agirait davantage pour les pays en développement d’adopter des politiques et des mesures qui, tout en favorisant leur développement durable, permettent de réduire l’intensité carbone de leurs économies.

Le Canada "mandaté" pour tout bloquer

Les pays en développement sont donc prêts à avancer. Il ne leur manque plus qu’un signal de la part des pays industrialisés et celui-ci ne semble pas émerger des négociations de la semaine dernière. En effet, en contrepartie de leurs efforts, les pays en développement souhaitent de la part des pays industrialisés qu’ils s’engagent de manière plus ambitieuse pour la réduction de leurs émissions et qu’ils adoptent la fourchette issue du dernier rapport du GIEC : une réduction de -25% à -40% des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés pour 2020 par rapport à l’année de référence 1990. Mais certains pays sont réticents, en tête de liste le Canada, le Japon et les Etats-Unis. Une fuite a même révélé que la délégation canadienne avait reçu pour mandat de bloquer toute avancée des négociations à Bali et de demander que les pays en développement adoptent eux aussi des objectifs chiffrés et juridiquement contraignants de réduction de leurs émissions. Un comble quand on sait que le Canada a qualifié le Protocole de Kyoto "d’erreur" juste avant le début de la conférence de Bali et qu’il est loin de respecter l’objectif de réduction qui lui a été assigné pour la première période d’application du Protocole de Kyoto !

Cette attitude plombe le climat de confiance nécessaire à l’avancement des négociations de Bali. L’attitude de ces pays doit clairement être dénoncée, notamment par l’Union européenne. Celle-ci, même si sa position est plutôt positive, doit cesser cette semaine de jouer un rôle de médiateur entre pays industrialisés et pays en développement pour endosser un rôle de leader. Les pays en développement ont tendu une perche qu’il convient de saisir. Ils sont prêts à accomplir des efforts de réduction de leurs émissions mais nécessitent en contrepartie une aide financière et technologique de la part des pays industrialisés. Le principe phare de la Convention Climat, celui de responsabilités communes mais différenciées entre les Etats, doit rester le fil conducteur des négociations d’une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto.

Des politiques forestières injustes

L’adaptation devra également être traitée sur un même pied d’égalité que la réduction des émissions. A l’heure actuelle, les mécanismes existants pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux impacts négatifs des changements climatiques sont très insuffisants. Les fonds disponibles se comptent en millions quand les besoins à couvrir s’estiment en milliards. De nouvelles sources de financements doivent donc être mises à l’ordre du jour du Mandat de Bali. Par ailleurs, la conférence de Bali ne se soldera de manière positive qu’à la condition qu’un accord puisse être trouvé entre les pays pour désigner une entité chargée de gouverner le Fonds pour l’adaptation, principal mécanisme de financements du Protocole de Kyoto. Ce fonds est abondé par un prélèvement de 2% sur chaque crédit issu du Mécanisme de Développement Propre du Protocole de Kyoto. Mais, aucune entité n’a encore été désignée pour l’administrer, ce qui fait que ce fonds n’est toujours pas opérationnel. Or, les financements pour l’adaptation ont besoin d’être débloqués au plus vite, pour répondre aux urgences des pays en développement et notamment des pays les plus vulnérables.

Un autre sujet phare des négociations de Bali a trait à la déforestation et à la mise en place d’un mécanisme pour réduire les émissions de CO2 qui en sont issues. Il faudra dans les deux ans à venir que les pays s’accordent sur la création d’un instrument qui permettra de compenser suffisamment les pays qui déforestent pour qu’ils cessent leurs activités. La dégradation des forêts devra également être prise en compte pour le succès de cet instrument et les droits des communautés locales dépendant des forêts devront être respectés pour éviter que ce mécanisme ne renforce certaines politiques forestières injustes.

La qualité du nouvel accord international sur le changement climatique, pour après 2012, est conditionné au niveau d’ambition du Mandat de Bali que les délégués doivent adopter cette semaine.

Retrouvez "Bali in vivo", une chronique de Morgane Créach, du Réseau Action Climat.

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Chargée de mission internationale au Réseau action Climat-France, je suis l’une des représentantes du RAC aux négociations internationales sur le climat à Bali.

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