« Le discours de Hollande, Greenpeace aurait pu le signer et ce n’est pas tous les jours que je dis ça. » A la conférence de presse des ONG françaises, en cette fin d’après-midi de lundi, Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, était au diapason des autres organisations. Pour les membres du Réseau Action Climat (RAC), l’impulsion politique, objectif du grand raout du jour, les discours de quelque 150 chefs d’Etat et de gouvernement au Bourget, est au rendez-vous. « Laurent Fabius et François Hollande ont ouvert la COP avec des mots très forts », reconnaît Célia Gautier, responsable des politiques européennes au RAC. Parmi eux, la référence à la justice climatique, la responsabilité historique des pays développés et la mention de 1,5°C comme limite de réchauffement à ne pas dépasser.
Mais pas question de laisser tomber la garde. Car c’est maintenant que tout commence. « Aujourd’hui, l’objectif, c’était d’établir la confiance. Le problème, c’est que cette confiance doit être traduite dans les négociations et surtout pas à l’extérieur d’un cadre international », explique Pierre Cannet, responsable du programme énergie climat au WWF. Pour Jean-François Julliard, qui note que des beaux discours, il y a en tout de même eu d’autres, « Hollande a fait le job sur l’impulsion politique en parlant de la nécessité de développer les énergies renouvelables, de la transformation nécessaire de la société. Reste à savoir comme tout cela va se concrétiser ».
Car, parmi les 195 pays qui négocient à la COP21, les écarts – et les attentes – sont grands. Les discours de tous les chefs d’État ayant réussi à prononcer le leur avant 17 heures 30 – il en restait encore un certain nombre à passer en fin de journée – ont été écoutés avec attention par ces spécialistes de la société civile. Pour Romain Benicchio, responsable de plaidoyer négociations climatiques d’Oxfam, des annonces significatives ont été faites sur la mobilisation de nouveaux financement pour les pays les moins avancés, comme l’a annoncé l’Australie, par exemple. « C’est un signal positif qui peut créer des conditions positives de négociations », remarque-t-il. Un point indispensable pour Aissatou Diouf, chargée de plaidoyer climat et communication pour le Réseau climat et développement, qui a bien noté que le transfert de technologies et les questions d’adaptation ont été mises au cœur des discours des chefs d’Etat africains. « Un pays comme le Maroc, qui sera hôte de la COP l’année prochaine, a insisté sur le fait que l’Afrique n’avait pas à faire de choix entre le développement et la lutte contre le changement climatique et qu’il faudra pour cela que les pays développés s’engagent sur des financements et des transferts de technologies », note-t-elle.
Tous reconnaissent qu’il va falloir beaucoup de travail de la part des négociateurs et une extrême vigilance de la part de la société civile pour que des questions essentielles soient concrètement traduites et engagent les pays du monde. Parmi les préoccupations des ONG figurent le mécanisme de révision des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’enveloppe de 100 milliards de dollars annuelle destinée à aider les pays pauvres à se développer sans passer par la case CO2. « On va rester prudents », conclut Jean-François Julliard, de Greenpeace. Car c’est bien connu, en matière de marathon (même diplomatique), rien ne sert de courir, il faut partir à point.
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