« Les humains sont extrêmement doués pour imaginer la façon dont ils vont disparaître : bombe nucléaire, cataclysme, invasion extraterrestre, etc. Beaucoup moins pour imaginer le récit d’un monde écologique. » C’est Rob Hopkins, fondateur du mouvement des « villes en transition », qui parle devant la caméra de Mélanie Laurent et Cyril Dion, venus le rencontrer à Totnes, une petite ville anglaise sans histoires jusqu’à ce qu’elle lance un mouvement désormais mondial. Potagers partagés, monnaie locale, réhabilitation de bâtiments… Elle est devenue un laboratoire de la transition écologique. Son projet est de survivre à l’enchérissement du pétrole sans retourner à la bougie, déjouant ainsi le sombre scénario brandi par ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change. Résolument positif, ce film ne fait pas que nous réconforter. Il s’ouvre sur le constat alarmant posé par un groupe de scientifiques en 2012 dans la revue Nature : si nous ne changeons pas nos habitudes, nous assisterons au probable effondrement des écosystèmes à l’horizon 2040-2100. Après le choc du diagnostic, que faire ? Les deux compères et leur équipe partent à la rencontre d’acteurs, connus – l’écologiste Vandana Shiva, le penseur agriculteur Pierre Rahbi, l’économiste Jeremy Rifkin – ou anonymes, comme les jardiniers urbains de Detroit (Etats-Unis) ou un directeur de lycée finlandais pour leur demander comment ils ont réussi, pragmatiquement, à ouvrir des espaces de transition écologique. Tout au long du parcours, de Copenhague (Danemark), dont l’objectif est d’atteindre le zéro carbone en 2050, à San Francisco (Etats-Unis), qui recycle 80% de ses déchets, en passant par la ferme du Bec-Hellouin (Eure), où le modèle de la permaculture fait ses preuves économiques, ils évitent l’écueil de l’enthousiasme naïf.
Faire tomber un système
Il ne s’agit pas de se balader, mais de faire tomber un système. « Sous des dehors très doux, le film est politique. Si on regarde bien, on dit qu’il faut tout changer : notre modèle agricole, notre modèle économique, notre imaginaire, pour proposer une vision du monde radicalement différente », souligne Cyril Dion. En quatre chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation, le film montre des plans B, portés par des citoyens et quelques politiques visionnaires, sans minimiser les rapports de force, le poids des lobbies et de tout ce qui fait qu’un système vicié tient encore debout. Il montre aussi que ce système vide le monde de sa diversité biologique, mais aussi créative, économique et politique. Ce que nous faisons subir à la terre, nous nous l’infligeons aussi à nous-mêmes. —
Découvrez ci-dessous la bande-annonce :
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