A table ! Que vous soyez en 1960 ou en 2014, vous n’y trouverez pas la même chose. Hier, nos assiettes étaient garnies d’un épais morceau de viande entouré de pomme de terres et de légumes du jardin. Cinquante ans plus tard, pizzas, sodas et sorbets ont volé la vedette aux tubercules. On mange toujours de la viande, mais moins en proportion.
Dans une étude publiée ce vendredi, les statisticiens de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) reviennent sur cinquante ans d’évolution du contenu de nos paniers. Nathalie Morer, cheffe d’unité à la division synthèse des biens et services fait le point.
Terra eco : Cuisine-t-on de moins en moins ?
Nathalie Morer : En cinquante ans, la part des plats préparés dans notre panier alimentaire a été multiplié par quatre, passant de 1% à 4%. On pense, par exemple, aux pizzas, soupes, potages ou lasagnes. En moyenne, la consommation de ce type de produits augmente de 4,4% par an depuis 1960. Ce phénomène est en effet lié la baisse du temps passé à cuisiner. Entre 1996 et 2010, celui-ci a diminué de 25%. Pour autant, les Français n’ont pas arrêté de cuisiner, les plats préparés ne représentent toujours que 4% de notre budget alimentaire. Mais ils mangent aussi plus souvent en dehors du domicile. Cela s’explique à partir des années 1960 par le développement des cantines d’entreprises. En 2014, les ménages ont dépensés 26% de leur budget alimentaire à l’extérieur.
Mange-t-on aujourd’hui des produits qui n’existaient pas il y a cinquante ans ?
Oui. C’est le cas des plats préparés, mais aussi des glaces et sorbets ou des sodas. Ce sont autant de produits que nous ne consommions pas dans les années 1960. Jusqu’aux années 1980-1990, leurs ventes en volume ont connu de fortes hausses, liées à leur découverte par les consommateurs et à l’équipement des foyers en réfrigérateurs et congélateurs. Ainsi, entre 1960 et 1980, les ventes de glaces et sorbets ont augmenté de 4% par an. Puis, une fois que ces produits étaient installés sur le marché, leur croissance s’est ralentie. Depuis les années 1990, ce sont les légumes coupés et emballés qui connaissent un certain essor. Il y a constamment des innovations, certaines sont assez fortes pour faire évoluer nos consommations. On ne peut pas prédire quelle sera la prochaine.
Sodas, sucreries… L’engouement est-il toujours si grand ?
La part des boissons sucrées et des sucreries dans la consommation alimentaire continue de progresser, mais moins vite que précédemment. Les recommandations sanitaires (les campagnes « Manger bouger », ndlr) des dernières années ont limité leur croissance. Alors que la consommation de boissons sucrées non alcoolisées augmentait de 5% à 6% par an entre 2009 et 2013, cette croissance n’était plus que de 1,5% entre 2013 et 2014 après la mise en place d’une taxe sur ces produits.
Dans le même temps a-t-on abandonné certaines denrées ?
Abandonné, non. Mais la consommation de certaines denrées, surtout des produits bruts, a baissé. C’est le cas du beurre, du sucre brut, de la pomme de terre. Notre consommation de pain a, elle aussi, diminué. Cela peut s’expliquer en partie par des mécanismes de substitution comme la généralisation des céréales ou des biscottes au petit déjeuner.
Et la viande ?
Dans l’absolu, nous n’en mangeons pas moins. Cet aliment reste le premier poste de consommation alimentaire, devant les fruits et les légumes et, chaque année, on continue à dépenser un peu plus pour en acheter. Les prix ne sont pas en cause, les ménages s’adaptent à leur volatilité. Lorsque ceux du bœuf augmentent, le consommateur se rabat sur d’autres viandes. Mais si on regarde notre panier alimentaire, la part de la viande recule. Cela est lié à l’apparition des nouveaux produits, mais aussi, dans une moindre mesure, aux effets des crises sanitaires, comme celle de la vache folle.
Quelles autres différences entre nos repas et ceux de nos grands-parents ?
A table, il y a moins de vin, mais lorsqu’il y en a, il est de qualité supérieure. Les vins de consommations courante reculent, Alors qu’ils représentaient près de la moitié (47%) de la consommation de boissons alcoolisées en 1960, ils représentent aujourd’hui moins de 10%.
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