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17-09-2009

Il enquête sur les déchets nucléaires : 4 ans de prison

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Il enquête sur les déchets nucléaires : 4 ans de prison
 
Grigory Pasko, journaliste russe, a fait quatre ans de prison pour avoir dénoncé les déversements de déchets nucléaires par des militaires russes dans la mer du Japon. A l'occasion de la parution d'un rapport de Reporters sans frontières sur les risques encourus par les journalistes qui traitent d'environnement, il raconte.
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"Je travaillais pour un journal de la marine à Vladivostok. Je portais l’uniforme militaire mais j’étais aussi journaliste et j’obéissais à la législation sur les médias. Après l’effondrement de l’URSS au début des années 90, de nouvelles lois ont autorisé les journalistes à traiter de questions jusqu’ici gardées secrètes. Parmi celles-ci, il y avait celle des déchets radioactifs. J’ai été le premier journaliste russe à m’intéresser à ces déchets et je crois bien que je serai le dernier.

J’ai rapporté que les militaires rejetaient des déchets nucléaires liquides dans la mer du Japon. J’ai écrit plusieurs articles. Et au début, je n’ai pas eu de problèmes. Mais en octobre 1994, j’ai filmé et photographié directement ces déversements. A partir des images j’ai fait un film d’une trentaine de minutes qui est passé sur la télévision russe tandis qu’un extrait de quelques minutes était diffusé sur la NHK, la télévision publique japonaise. Dès le lendemain, le gouvernement japonais envoyait une note officielle au gouvernement russe. Il accusait la Russie de bafouer le droit international. La Russie a stoppé ces pratiques. Mais les autorités ont décidé de me punir moi pour les erreurs de l’armée.

Entre 1994 et 97, ils ont compilé un dossier contre moi. J’étais suivi, ma ligne était sur écoute, mes lettres ouvertes. Je le savais. L’arrestation est arrivée en 1997. Alors que je revenais d’une mission au Japon, ils m’ont arrêté à la descente de l’avion. Ils étaient huit, armés jusqu’aux dents. C’était comme dans un film policier.

J’ai été accusé de trahison de l’Etat et emprisonné. Le procès n’est venu que deux ans plus tard, en 99. Ca a eu lieu devant un tribunal militaire, en huis clos. Ils m’accusaient d’être à la solde des Japonais. Le premier procès a duré huit mois. Les juges ont conclu que je n’étais pas un espion mais que j’avais enfreint le code militaire. J’ai quand même été libéré et j’ai fait appel contre ce verdict qui me déclarait coupable. Mais en appel, en 2001, les mêmes juges m’ont condamné à 4 ans de prison. Parce que j’avais déjà fait deux ans de préventive entre 97 et 99, il ne me restait plus que deux ans à faire. Mais c’était très pénible. J’ai été transféré très vite vers un camp de travail dans la taïga, à l’Est du pays. On était logés dans des baraquements, employés comme charpentiers. Il faisait -30°C. En 2007, à cause de tout ça, on m’a diagnostiqué avec un cancer des reins.

Après ma libération, je me suis remis à travailler. Mais avec difficulté. J’ai écrit pour un journal à Vladivostok. Mais il a été menacé de fermer pour des raisons fiscales. Sauf que quand j’ai quitté le journal, les poursuites ont cessé. Tout était lié à ma présence. Plusieurs fois pendant ces années-là, j’ai été menacé, ma voiture fouillée, les autorités m’accusaient d’être un narco-trafiquant, un terroriste. J’ai dû quitter Vladivostok pour Moscou en 2003.

Aujourd’hui, je suis journaliste indépendant. Je continue d’avoir des problèmes mais je ne suis pas le seul. Tous les journalistes qui n’ont pas les même opinions que les autorités ont ce genre de difficultés. Les problèmes d’écologie sont devenus particulièrement sensibles pour le gouvernement. A l’époque d’Eltsine, il y avait un programme sur l’environnement sur chaque chaîne de télévision. Beaucoup de journaux, de magazines écrivaient sur ce thème. Mais Poutine a décrété que les écologistes étaient des espions. Alors personne ne parle plus d’environnement. A part sur internet. Et encore... Seulement sur des sites très spécialisés...”

A lire aussi dans Terra eco :
- Reporters sans frontières au rapport (vert)

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