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"Face aux délocalisations l’Etat doit jouer son rôle" (suite)

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...Investir dans l’éducation, la recherche, les nouvelles technologies... Cela suffira-t-il toujours à combler l’hémorragie dans les autres secteurs ?

C’est ça la question. Un de mes amis a conçu un appareil photo miniature qui se vend merveilleusement bien aux Etats-Unis. Bien sûr, des emplois y ont été créés pour le commercialiser, mais la plupart ont été créés "ailleurs" dès le départ, en Chine, à Taiwan. Avant, les économistes nous parlaient du "cycle du produit". Au début de la vie du produit, on le fabriquait chez nous. Une fois arrivé à maturité, on délocalisait. Aujourd’hui on ne passe même plus par la case départ... Personnellement, je suis assez pessimiste.

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Emancipation.

On sent les élus politiques désarçonnés. Ont-ils un rôle à jouer ? Ou sont-ils condamnés à assister impuissants au spectacle des délocalisations ?

Bien sûr, les élus ont encore un rôle à jouer ! Reprenons l’exemple des biotechnologies. Savez-vous que 85% du budget de l’université, privée, du MIT provient de fonds fédéraux ? Les biotechnologies sont nées d’un investissement public considérable. C’est vrai aussi dans la Silicon Valley. L’Etat a clairement un rôle à jouer en investissant dans des activités innovantes. Il a aussi un rôle à jouer dans le traitement de la misère. Si on sait qu’on doit faire face aux délocalisations, alors il faut donner à l’être humain la possibilité de se protéger, avec l’assurance-chômage, l’assurance-maladie, la retraite. L’Etat a donc un double rôle : investir pour stimuler et maintenir un filet de protection, pour mutualiser les effets négatifs de la mondialisation, qui touchent les plus vulnérables. Ceci n’existe malheureusement pas aux Etats-Unis. Et je ne comprends pas pourquoi en France on acceptait, jusqu’à ces derniers jours, de laisser se découdre le tissu de la recherche. C’était incompréhensible.
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Tâtonnements.

Vu d’Europe, la décision de certains Etats américains d’interdire les délocalisations a surpris. Comment l’expliquez-vous ?

En fait, ces lois ne s’appliquent qu’à des institutions fédérales, auxquelles on interdit de délocaliser leurs tâches de secrétariat ou leurs centres d’appels. Il n’a jamais été question de réglementer les entreprises privées. Cette loi n’aura guère de conséquences. Mais elle illustre la tentation d’un repli sur nous-mêmes.
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Isolement.

C’est-à-dire ?

Le danger, c’est que pour répondre aux destructions d’emplois chez nous, on cherche à s’isoler du monde. Du côté du candidat démocrate John Kerry, il y a cette tentation, avec la pression des syndicats et de l’électorat ouvrier. Quant à Bush, il a tenté des mesures protectionnistes pour la sidérurgie et l’agriculture américaine.

En somme, l’enjeu des délocalisations c’est un peu la protection de nos emplois contre le développement des pays pauvres. Comment trancher ce dilemme ?

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Confrontation.

C’était déjà le dilemme de Jaurès au début du siècle : choisir entre la richesse française et le développement de la Russie. Si les Chinois et les Indiens voient leur situation s’améliorer, ils nous achèteront nos produits. On peut, pas tout de suite malheureusement, arriver à tirer tout le monde vers le haut. Mais nous ne pouvons pas bâtir notre bien en laissant la Chine et l’Inde dans la misère. Ni en continuant de subventionner les agriculteurs américains ou européens, et maintenir les producteurs africains dans la misère. Sinon, nous ferons un monde inacceptable et dangereux pour nous. C’est notre intérêt bien compris. Il ne faut pas attendre que le terrorisme gagne l’Afrique pour réagir.

...retour au début de l’interview

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Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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