En juin 2007, les autorités chinoises avaient reculé devant la formidable mobilisation des habitants de Xiamen, station balnéaire de 2 millions d’âmes élégamment surnommée "Jardin sur la mer". Ces écolos "du dimanche", mais fort virulents, protestaient contre la construction, à la périphérie de la ville, d’une usine de production de paraxylène (PX), utilisé pour fabriquer des polyesters pour textiles, des plastiques et solvants.
Les marches dans les rues, en plus du million de sms envoyés à tour de bras par ces membres de la classe moyenne urbaine, révoltés de ne pas avoir été consultés, ainsi que l’embrasement final des forums Internet du pays avaient réussi à suspendre le projet, pourtant déjà bien en route.
Désireuses de calmer l’opinion publique, pour la 1ère fois éveillée aux problématiques environnementales, les autorités avaient même concédé une étude d’impact environnemental coûteuse.
Relocalisée
Un an et demi après, alors que la crise n’épargne pas le pays, le projet refait surface. Le ministère de l’Environnement chinois annonce sur son site Web que l’impact environnemental de l’usine est contrôlable et donne son feu "vert". Selon les conclusions de l’enquête, l’entreprise à l’origine du projet aurait même
"donné son accord pour limiter la pollution". Seul changement au programme, l’usine sera déplacée à 80km plus à l’ouest, dans la péninsule de Gulei (135 000 habitants) qui dépend de la municipalité de Zhangzhou. Faute de rencontrer la même levée de boucliers, les autorités de Zhangzhou n’ont guère attendu pour lancer une campagne d’information auprès de la population sur la nature du produit incriminé, tandis que les journaux locaux relaient tout même les craintes des habitants de développer, à terme, des cancers.
Pollue, pollue pas ?
Face à ce qui semble être un pied de nez à l’opinion publique, une question se pose : pourquoi avoir déplacé l’usine, si l’impact sur l’environnement est nul ? Et pourquoi prévoir une enveloppe de 91 millions d’€ pour les problèmes "de pollution" ? D’un montant de 2 milliards de $, l’usine devrait produire 800 000 tonnes de PX, pour des recettes annuelles de près de 9 milliards d’€. Un bénéfice non négligeable pour les autorités locales, alors que la croissance donne des signes d’essoufflement.
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