« Donnez, donnez-moi ! » Entre les copains qui préparent un docu au Cambodge et la cousine qui ouvre une épicerie sans emballage, Enrico Macias a la cote ! En 2014, 152 millions d’euros ont été collectés en France grâce au crowdfunding (financement participatif). Deux fois plus qu’en 2013, selon Finance participative, l’association qui regroupe les grands du secteur. Depuis 2008, 64 500 projets ont ainsi été mis en ligne. Pour qu’ils aboutissent, les internautes n’avaient qu’à les financer. Et après ? L’an dernier, une entreprise a réuni 467 700 euros pour un skate-board volant… qui surfe sept minutes à deux centimètres du sol ! Déçus aussi, les internautes qui ont cotisé pour installer une colonie sur Mars en 2024 ? Probable, puisque, pour les scientifiques, l’objectif est intenable. Cliquer ne suffit donc pas à mettre ses économies à profit.
Crowdfund quoi ?
Le financement participatif peut prendre plusieurs formes : le don avec ou sans contrepartie, le prêt rémunéré ou non et la prise d’action. Avant de sortir votre carte de crédit, sachez où vous mettez les pieds.
Choisir sa plateforme
« Il est facile d’ouvrir un site de financement participatif, mais beaucoup moins de le faire tourner », souligne Nicolas Dehorter, un repenti converti dans le coaching pour porteur de projets. Mieux vaut donc se renseigner sur le site et la sélection qu’il opère avant de se jeter sur une campagne. « Chez nous, il y a un tri, puis dix jours où nous accompagnons les créateurs, explique Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’Ulule. Seuls 55 % des projets que nous recevons sont présentés au public. C’est grâce à cet écrémage que, depuis 2010, nous n’avons que huit campagnes qui ont posé problème. » Quant à ceux qui voient le crowdfunding comme un pied de nez aux financiers, qu’ils ravalent leur rébellion. Les banques ont investi le secteur et les plateformes qui germent ici et là participent toutes indirectement au système via les commissions (de 5 % à 10 %) prélevées sur les collectes.
Décortiquer le projet
S’embarquer dans le crowdfunding, c’est raconter une histoire avec de belles vidéos, des dessins et de l’humour. Sauf que l’on peut être un bon communicant et se dégonfler comme un soufflé quand vient le moment de passer à l’action. Pour faire la chasse aux écritures d’invention, mieux vaut privilégier les projets déjà lancés (avec un prototype, par exemple) et éviter de craquer pour les idées loufoques marketées pour faire le buzz.
Vérifier les créateurs
Si vous ne connaissez pas le porteur de projet, lisez les commentaires laissés sur le site ou envoyez-lui un message privé. Assurez-vous aussi que le soutien des internautes lui est indispensable. Car le crowdfunding est si tendance que certains l’utilisent pour se faire mousser. Citons l’exemple d’Universal, qui a lancé, en 2013, une collecte pour rééditer des vinyles, ou celui du réalisateur Spike Lee qui a fait appel à la foule pour financer un film.
Eplucher la communauté
Attendez quelques jours avant d’apporter votre obole. Si vous dénichez des proches du créateur parmi les premiers contributeurs, c’est bon signe. « On n’arnaque pas sa grand-mère. Ce serait du suicide social, souligne Vincent Ricordeau, cofondateur de Kiss Kiss Bank Bank. Nos sites reposent sur l’intelligence collective. Quand vous vous fâchez avec votre banquier, vous êtes seul. Sur les plateformes, vous êtes face à tous vos financeurs. »
Rester zen
Si les contreparties tardent à arriver, ne criez pas tout de suite à l’arnaque. « Les retards et les soucis, c’est normal, surtout quand on n’est pas un pro, précise Eric-Alain Zoukoua, économiste à l’université de Tours. Pour l’instant, les plateformes n’assurent aucun service après vente une fois les projets financés. Des réglementations viendront peut-être quand le secteur aura explosé. » Au risque de voir le crowdfunding devenir plus rigide, à l’image du système bancaire qu’il entendait court-circuiter.
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