Pollution : tu m’empêches de respirer !

Le printemps, apprécié pour ces beaux jours ensoleillé, peut également se transformer en calvaire. Rhume, éternuements, yeux larmoyants… les personnes allergiques connaissent bien le problème. Or elles sont de plus en plus nombreuses à être concernées. Environ 25% des français ont des allergies et ce phénomène ne fait que prendre de d’ampleur. D’après une étude de l’Inserm, institut national de la santé et de la recherche médicale, il y aurait un lien direct entre les allergies, l’asthme et la pollution atmosphérique (d’origine automobile ou industriel). Isabella Annesi-Maesano épidémiologiste de l’Inserm a dirigé cette enquête. Elle nous en dit un peu plus.

Cette étude s’est dirigée vers les enfants. Pourquoi ne pas avoir choisi une population plus globale ?

Il y a plusieurs raisons qui ont influencé notre choix. Tout d’abord nous voulions étudier le développement des allergies et de l’asthme dans le temps. Il était donc beaucoup plus simple de suivre l’évolution des enfants. De plus, ils sont plus vulnérables que les adultes face à ces maladies. Il faut savoir que l’asthme est la maladie chronique la plus répandue chez l’enfant.

Comment avez-vous choisi les 6 villes ayant participé à cette étude ?

L’objectif était d’avoir un panel de villes offrant des niveaux de pollution contrastés. On ne peut étudier qu’en faisant des comparaisons. Nous avons donc cherché des villes plus ou moins polluées par le trafic routier et/ou par des rejets atmosphériques industriels.

Les résultats de cette étude établissent un lien entre la pollution atmosphérique, les allergies et l’asthme. Peut-on dire pour autant que la qualité de l’air est un facteur de développement de ces maladies ?

Ces données ne sont que des photos prises à un moment donné. Le constat est effectivement le suivant : plus les zones sont polluées et plus le nombre de personnes asthmatiques ou allergiques, est important. Néanmoins on ne peut pas parler de liens causals. Pour pouvoir dire ceci il faut des résultats sur le long terme. Lors de notre étude nous avons posé des questions aux parents pour reconstituer le passé (médical) des enfants. Mais il y a forcément des doutes vis-à-vis de l’exactitude des propos recueillis.

Y a-t-il d’autres recherches dont les résultats concordent avec les vôtres ?

Il existe effectivement des études prospectives menées dans différents pays. Des chercheurs allemands et hollandais ont suivis l’évolution de nouveaux nés pendant plusieurs années. Ils ont réussi à établir le lien de causalité entre allergie, asthme et pollution. Il existe également des expérimentations menées sur des rats et des souris qui obtiennent les mêmes conclusions. Enfin, une autre étude a été menée sur des personnes volontaires aux Etats-Unis. Plongés dans une atmosphère polluée durant un certain temps, ces individus ont manifesté ces maladies. Toutes ces études doivent néanmoins être poursuivies pour approfondir nos connaissances des facteurs mais aussi de l’évolution de ces maladies.

(Crédit photo : photo-libre.fr)