Malgré les divergences, l’Union européenne est parvenu, après huit longues heures de discussion - à s’entendre dans la nuit de jeudi à vendredi pour fixer à 40 % son objectif de réduction de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport aux niveaux de 90. Le but ? Rester dans les clous de l’engagement de réduire de 80 à 95 % ses émissions d’ici à 2050. Une décision historique pour Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen, qui s’est enflammé sur son compte Twitter :
Deal ! At least 40% emissions cut by 2030. World's most ambitious, cost-effective, fair #EU2030 climate energy policy agreed #EUCO
— Herman Van Rompuy (@euHvR) 23 Octobre 2014
« Un accord ! Au moins 40% de réduction d’ici à 2030. Accord du Conseil européen sur une politique énergétique et de climat la plus ambitieuse au monde »
Et ce n’est pas tout. Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement se sont aussi entendus sur deux autres objectifs, non contraignants ceux-là : porter la part des énergies renouvelables à 27 % du mix énergétique pour chaque Etat membre et réduire la consommation d’énergie de 27 %. Pour emporter l’adhésion de la réticente Pologne mais aussi de la République tchèque, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie, encore largement alimentées au charbon, l’Europe s’est engagée à les soutenir financièrement sur la voie de la transition énergétique.
Pour François Hollande, le deal est « un accord très ambitieux pour la planète parce que l’Europe montre l’exemple », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse « S’il n’y a pas d’accord, (entre Européens), comment convaincre les Chinois et les Américains ? », avait-il souligné à l’ouverture du sommet. Dans l’entourage du président, même satisfaction, si Laurent Fabius se « réjouit » sur son compte Twitter, Marie-Hélène Aubert, conseillère du président pour les négociations climat rappelle qu’on revient de loin :
Qui aurait parié il y a 6 mois sur accord climat UE avec objectif contraignant au moins 40% réduction GES ? C'est fait. Continuons.
— Marie-Hélène Aubert (@MHAubert2015) 24 Octobre 2014
Dans le camp des Verts, Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale est moins optimiste notamment sur la « faible ambition » des objectifs sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique mais concède néanmoins : « La bonne nouvelle est qu’il y ait accord et qu’il fixe l’ambition “au moins 40 % de réduction” »
Du côté des ONG interrogés par l’Agence France Presse, en revanche, on est déçu : « Les dirigeants de l’UE donnent un coup de frein à l’énergie propre », a dénoncé Greenpeace. Les objectifs « sont bien en deçà de ce qui pourrait être fait par l’Europe pour combattre le changement climatique », ont estimé les Amis de la Terre. Pour Oxfam, « une action insuffisante de la part des pays les plus riches fait peser le fardeau sur les populations les plus pauvres, les plus affectées par le changement climatique et les moins responsables de cette crise. » Sur Twitter le Britannique Andrew Simms, militant environnementaliste et membre de la New Economics Foundation est carrément plus cinglant :
The EU target to cut emissions 40% by 2030, is like saying you will swim just 100m to save a drowning child who is 200m from the shore.
— Andrew Simms (@AndrewSimms_uk) 24 Octobre 2014
« L’objectif européen de réduire les émissions de 40 % en 2030 c’est comme dire : “Je vais nager 100 mètres pour sauver un enfant qui se noie à 200 mètres du rivage.” »
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