Pourquoi maintenant ?
En décembre 2015, plus de 190 pays se rencontreront à Paris avec un objectif ambitieux : dessiner les lignes d’un nouveau traité en remplacement du protocole de Kyoto aujourd’hui expiré. Cette Cop21 (Conférence des parties) qui rassemble tant d’espoirs est le premier grand rendez-vous après le sommet de Copenhague qui avait accouché, en 2009, d’un « petit » accord non contraignant, peu susceptible de maintenir l’augmentation de température à la surface du globe en dessous des 2°C fatidiques. Depuis cet échec cinglant, les nations du monde entier avaient plus ou moins perdu foi dans le processus onusien. En les conviant à un gros raout climatique, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon entend restaurer cette confiance et, autant que possible, obtenir un certain nombre de « pré-engagements » de la part des pays participants. Car l’urgence est réelle. Le 9 septembre, l’Organisation météorologique mondiale a annoncé que les gaz à effet de serre ont atteint des concentrations records : « Le taux d’accroissement du CO2 atmosphérique entre 2012 et 2013 représente la plus forte augmentation interannuelle de la période 1984-2013. », a notamment souligné l’organisation onusienne.
Comment ça va se passer ?
Le sommet se tiendra de 8h30 à 19h, heure de New York. Il débutera par une cérémonie d’ouverture orchestrée par Ban Ki Moon pendant laquelle devrait notamment s’exprimer l’acteur Leonardo di Caprio, nommé récemment messager de la paix des Nations Unies. Puis, les chefs d’Etat défileront à la tribune (voir la liste provisoire ici d’une des trois salles dédiées – nombre de participants oblige). Ils devront annoncer « les mesures audacieuses qu’ils ont l’intention de prendre au sein de leurs pays respectifs » en 4 minutes maximum. Ils rejoindront pour déjeuner les leaders des grandes multinationales. L’après midi devrait être séparé entre quatre sessions couvrant des thématiques très diverses : « climat, santé et emplois », « connaissances scientifiques », « impact économique de l’action », « témoignages de personnes déjà impactées par le réchauffement ». A 19h, Ban Ki Moon s’adressera à l’audience pour un discours de clôture. Il devrait notamment appeler les pays à signer un traité ambitieux à Paris l’an prochain. Tout le sommet devrait être retransmis en direct sur Internet.Qui y sera ?
Outre Ban Ki Moon et son entourage onusien, plus de 120 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus à New York. L’Américain Barack Obama bien sûr mais aussi le Britannique David Cameron, le Sud-Africain Jacob Zuma, l’Israélien Benjamin Netanyahu, l’Iranien Hassan Rouhani ou encore le Français François Hollande. D’autres personnalités, cruciales dans les négociations internationales pour le poids en émissions qu’ils représentent, manqueront néanmoins à l’appel : c’est le cas de l’Indien Narendra Modi – qui devrait arriver plus tard dans la semaine – et du Chinois Xi Jinping. « Nous voulons tenir les négociations sur le changement climatique dans le cadre du mandat de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. (…) Débuter la discussion sur de nombreuses plateformes parallèles peut ajouter à la confusion », a justifié Prakash Javadekar, le ministre de l’Environnement indien, qui conduira la délégation à New York en lieu et place de son Premier ministre. Le président russe Vladimir Poutine, en froid avec l’Union européenne et les Etats-Unis, ne sera pas non plus présent. Aux côtés des chefs d’Etat, une centaine de multinationales participeront eux aussi au sommet : Unilever, Nestlé, McDonald’s, Cargill, GDF Suez, Walmart ou Crédit Agricole… Enfin, les Nations Unies ont invité 38 membres de la société civile à assister à l’événement dont le WWF, Greenpeace ou encore Oxfam.Est-ce que ça va changer quelque chose ?
Non. Même les plus optimistes l’assurent : New York ne verra pas l’avènement d’un accord majeur entre les pays. Ce n’est pas là d’ailleurs son objectif. La tâche est en effet réservée, pour une première ébauche, au sommet de Lima (Pérou) en décembre puis à la très attendue Cop de Paris en 2015. Non. Si Ban Ki Moon a convié cette réunion à New York c’est pour remettre les choses en mouvement et renouer le dialogue international. « C’est un événement politique », a ainsi déclaré Zou Ji, directeur adjoint du Centre national chinois pour la stratégie et la coopération internationale face aux défis climatiques au micro de l’agence Associated Press. « Nous allons avoir besoin de beaucoup plus d’ambitions, d’actions gouvernementales concertées », a abondé Nat Keohane, ex-conseiller spécial de Barack Obama sur les questions d’énergie et de climat : « Ce sommet ne va pas d’un seul coup devenir l’endroit où l’on annoncera toutes ces politiques. »Quelques annonces sont néanmoins attendues. La France devrait notamment rendre officielle sa contribution au Fonds vert. L’instrument, qui doit aider les pays les plus pauvres à tourner le dos aux énergies fossiles et à protéger leurs populations des conséquences du réchauffement climatique, doit, selon l’accord de Copenhague, mobiliser 100 milliards de dollars (78 milliards d’euros) par an d’ici 2020. La France pourrait annoncer une contribution à hauteur de 1 milliard de dollars, un chiffre voisin de celui annoncé par l’Allemagne en août. Mais les annonces les plus concrètes pourraient bien venir des multinationales : celles-ci pourraient notamment apporter leur appui à la campagne de la Banque mondiale en faveur de l’introduction d’un prix du carbone. Six compagnies pétrolières devraient s’engager à lutter contre les fuites de méthane dans la production de gaz naturel, assure Associated Press. Unilever et Marks and Spencer devraient réaffirmer leur objectif d’arriver à zéro déforestation nette à l’horizon 2020.
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