Jadis, ils partaient début septembre fouiller les mousses. Aujourd’hui, les cueilleurs de cèpes et de chanterelles ont la Toussaint pour horizon ! La quantité prélevée chaque année en forêt ? Impossible de le savoir avec précision : entre 3 000 et 10 000 tonnes, selon le Syndicat des champignons sylvestres, car tout dépend de la couleur du ciel. Le champignon des bois est en effet d’une extrême sensibilité climatique. Le changement lui sied mal. « Les pluies, de plus en plus tardives et courtes, ont déplacé la période de fructification vers la fin de l’automne. Et le phénomène s’accélère », explique Jacques Guimberteau, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Autre bouleversement : les choix forestiers. Pendant des décennies, le pin douglas a été choisi pour reboiser dans le Massif central et le Limousin. « Mais l’impact sur la biodiversité n’a pas été mesuré : le réservoir de cèpes s’est appauvri. Et le problème s’aggrave », déplore Jacques Guimberteau. Au marché, les girolles et pieds-de-moutons importés des pays de l’Est, d’Amérique du Nord ou de Chine, représentent jusqu’à 50 % des ventes. Nos omelettes sont sauves, mais pas leur bilan carbone. Le salut viendra peut-être de l’Inra qui planche sur la domestication du cèpe. De quoi alimenter nos fantasmes de poêlées forestières.
Photo : Laurent Renault - fotolia.com
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