Bilan Carbone or not Bilan Carbone ?

Vous aurez sans doute noté que les journalistes de Terra eco font souvent référence aux « bilans carbone » ou aux « analyses de cycle de vie » dans leurs articles. Ces outils permettent aux spécialistes du développement durable d’évaluer assez précisément l’impact d’une entreprise, d’une collectivité, d’un produit ou d’une filière sur l’environnement.

Le Bilan Carbone a été mis au point pour l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici. Il s’agit, selon les propres termes de l’Ademe, d’une « méthode de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre à partir de données facilement disponibles pour parvenir à une bonne évaluation des émissions directes ou induites par [une] activité ou [un] territoire ». En simplifiant, le Bilan Carbone permet d’évaluer la contribution d’une activité, par exemple celle d’un maraîcher, à l’effet de serre, et par conséquent au dérèglement climatique.

L’Analyse de Cycle de Vie – ACV pour les intimes – permet, toujours selon l’Ademe, « de quantifier les impacts d’un produit (qu’il s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé) sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d’utilisation ».

Impact sur les eaux de rivière et la santé des salariés

Alors, Terra eco doit-il faire un Bilan Carbone ou une ACV ? Cette question a été tranchée et ce sera une ACV, dont nous espérons vous livrer les éléments dans les prochains mois. Pourquoi ? Parce que le Bilan Carbone est une excellente méthode pour une première approche centrée sur les gaz à effet de serre, mais que l’ACV nous permettrait d’avoir une vision plus fine de nos impacts. Les ACV déjà réalisées sur quelques produits de presse – publicité non adressée, notamment – nous en disent plus long qu’un Bilan Carbone sur nos impacts en terme de gestion des forêts, de qualité des eaux de rivière ou de santé des salariés qui manipulent les encres, entre autres.

Preuve que la presse française commence à s’intéresser à ses impacts, le magazine Géo a réalisé son Bilan Carbone. Celui-ci nous apprend notamment que 47 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la production et au transport du papier. Ce chiffre fait écho aux résultats de l’ACV sur les publicités non adressées, que nous vous donnions dans le n° 5 de Terra eco : la production du seul papier de ces journaux gratuits est à l’origine de 95 % de leur consommation d’eau, de 62 % à 73 % de leur consommation d’énergie non renouvelable, et de 54 % à 60 % de leur production de gaz à effet de serre.

Conclusion : qu’il s’agisse d’une ACV ou d’un Bilan Carbone, le plus gros effort à fournir pour réduire notre impact concerne – sans grande surprise – le papier. Alors pourquoi un média vert s’obstine-t-il dans la voie du papier ? Pourquoi ne pas opter exclusivement pour le Web ? Vous le saurez, ici-même, le mois prochain. —