Quarante-sept ans qu’elle dure, cette lutte. Quarante-sept ans que Koji Kitahara, 91 ans aujourd’hui, se dresse contre l’extension de l’aéroport de Narita, au Japon, au nom des habitants. Quand il s’est installé dans cette ville, non loin de Tokyo, le paysage se déclinait sous forme de plaines vertes, de champs de légumes et de riz. Aujourd’hui, un incessant ballet d’avions balafre le ciel de 6 heures à 23 heures. Les fermiers doivent faire d’invraisemblables détours pour rejoindre leurs champs et contourner les routes barrées et réquisitionnées pour des projets de construction. Ailleurs, des maisons sont encerclées de barricades de fer. Autant de moyens de pression pour faire céder les habitants et les contraindre à vendre leurs terres, plantées sur le tracé de l’extension de l’aéroport, assurent les détracteurs du projet.
L’histoire de Narita débute en 1966. A l’époque, les Etats-Unis intensifient leurs attaques depuis le Japon contre la péninsule indochinoise et l’aéroport de Haneda, le principal de Tokyo, est surchargé. Le gouvernement décide alors de s’emparer d’un village, à une soixantaine de kilomètres de la capitale. Mais pour étendre davantage l’aéroport, il faut expulser les paysans. Malgré la loi qui protège les agriculteurs, une première tentative de saisie des terres a lieu au début des années 1970. Elle se termine mal. Selon Koji Kitahara, 5 000 personnes sont arrêtées ; une vingtaine de protestataires – des milliers d’étudiants étaient venus soutenir les paysans – auraient même perdu la vie. La compagnie de l’aéroport de Narita ne recense, elle, que trois morts… dans les rangs de la police.
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions