Ils s’y sont mis à trois pour pêcher le consommateur, et ça fait des bulles. Trois grands aquariums européens ont lancé le programme pédagogique « Mr Goodfish ». En France, il a démarré du côté de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), premier port de pêche de l’Hexagone.
S’y retrouver dans le jargon
L’aquarium Nausicaa cherchait comment passer des préoccupations scientifiques à l’action. « Notre problème était de trouver des outils de sensibilisation qui n’obligent pas le consommateur à se transformer en ingénieur halieutique », se rappelle Philippe Vallette, directeur de Nausicaa, associé à l’aquarium de Gênes, en Italie, et à l’aquarium Finisterrae, à La Corogne, en Espagne. Car du poissonnier au client, en passant par le restaurateur, le parcours est semé d’arêtes. Comment s’y retrouver dans le jargon qui permet de savoir d’où vient une espèce et quel est l’état du stock en question ? « C’est compliqué, même pour un océanographe, sourit Philippe Vallette. Le consommateur joue un rôle décisif, mais c’est à nous de gérer ces questions en amont. »
Les trois aquariums produisent donc, depuis plus de deux ans, des listes régionales de poissons recommandés, qui se portent bien. Ils proposent ensuite aux poissonneries et aux restaurants de vendre au moins deux de ces espèces pour être référencés sur le site de Mr Goodfish et en porter le logo. L’objectif : suggérer de découvrir de nouvelles espèces plutôt qu’interdire les autres.
« Un énorme levier »
Restait à sortir de la confidentialité. Quoi de mieux que de rentrer chez les grossistes ? L’an dernier, bingo, le géant de la distribution professionnelle Metro Cash & Carry s’engage. « Lorsqu’un entrepôt adhère, il doit proposer au moins 15 espèces référencées, explique Florence Huron, coordinatrice du programme. C’est une grosse structure, connue pour la qualité de ses produits, et donc un énorme levier de développement pour Mr Goodfish. » Les ventes du grossiste représentent 20 000 tonnes par an, réparties sur 120 espèces. Une cinquantaine d’entrepôts participent déjà, et le distributeur espère que les 93 sites français auront franchi le pas d’ici à quelques semaines. Près d’un quart des espèces proposées seront alors siglées « Mr Goodfish ». —
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