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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
25-11-2012

Notre Dame Des Landes, symbole de la fracture entre deux gauches

Chaque jour qui passe transforme le chantier du nouvel aéroport de Nantes en une guerre de tranchées qui pourrait bien devenir le Stalingrad du parti socialiste. Ce chantier risque de devenir le point d'ancrage des contestations et le lieu de rendez-vous des opposants au modèle économique dominant. Sur ce dossier, rien ne semble distinguer la politique menée par le gouvernement Ayrault de celle qu'aurait conduite l'UMP. Pourquoi le parti socialiste se trouve aujourd'hui dans cette impasse politique ?

Pour comprendre l’obstination du gouvernement, il ne suffit pas de s’arrêter à la filiation avec le maire devenu Premier ministre. Il faut aller chercher leur motivation ailleurs.

Pour comprendre, écoutons plutôt le discours d’une élue locale ... de l’UMP, Sophie Jozan, conseillère régionale de Nantes, qui porte, avec ses homologues socialistes, le projet : "le principal argument en faveur du projet tient à l’attractivité d’un Grand Ouest ouvert sur l’Europe et l’International.... A l’époque de la mondialisation, on est invisible si on n’est pas au moins dans cette dimension inter-régionale, c’est le seuil minimum de lisibilité. Et cet argument n’est pas seulement économique, il y aura des retombées sur la recherche, l’enseignement supérieur, et toutes les initiatives économiques au sens le plus large du terme. "

C’est une vision positiviste de l’avenir : la croissance va revenir, la crise s’arrêtera et il ne faut pas prendre du retard sur la mondialisation heureuse. Le "grand aéroport" est une porte ouverte sur le monde et ne pas le faire serait s’isoler et être dépassé dans la course au progrès. On imagine assez les chefs d’entreprise nantais rêvant de prendre directement à Nantes "leur" avion en direction de "leur" usine en Chine ou les hôteliers imaginant des avions, venant du monde entier, débarquant directement leur cargaison de touristes au bord de la Loire.

Mais, les socialistes français sont plus pragmatiques encore : s’ils veulent réussir à faire "repartir" l’économie française, alors il faut des grands chantiers qui aboutiront à terme à des retombées économiques substantielles. Notre Dame Des Landes devient donc, pour eux aussi, un symbole. Celui d’une France qui construit et se "développe" encore.

Les écologistes ont, bien entendu, une vision radicalement différente. On peut les caricaturer, comme cela a été déjà fait, en les décrivant comme quelques paysans attardés ou comme quelques biologistes obnubilés par la survie du triton vert. Un écologiste, il est toujours confortable de le décrire en rêveur.

On peut aussi, comme une partie de l’opinion, les décrire en "Khmers verts", futurs dictateurs d’une société qui nous interdirait de prendre l’avion. Un écologiste, c’est confortable de le décrire en autocrate.

La réalité est différente : les écologistes se préoccupent d’abord d’économie, de notre avenir économique. Voyons le point de vue, sur le projet de grand aéroport, de Geneviève Lebouteux, conseillère régionale nantaise : "Une récente étude économique indépendante du cabinet CE Delft enfonce le clou : ses bases économiques sont erronées. ... On sait aujourd’hui que ce projet représente non pas un gain, mais un coût pour la collectivité, qui pourrait se chiffrer à plus de 600 millions d’euros. La déclaration d’utilité publique de 2008, fondée sur des bases erronées, doit être abrogée.

Parmi les éléments pointés par CE Delft : absence d’analyse de risques, ajout à tort de certains bénéfices, non prise en compte de certains coûts comme celui du tram-train (alors que ses avantages sont intégrés), multiplication par cinq de la valeur habituelle donnée à une heure de temps, grand optimisme des hypothèses, pétrole à 60 dollars le baril, non intégration de l’application des quotas d’émissions de CO2 à l’aviation, etc."

Les écologistes cherchent, comme les socialistes, à sortir de l’impasse économique dans lesquels nous sommes. Mais contrairement à la majorité des élites de notre pays, ils ne croient plus à la "relance" et autres "retour de la croissance". Ils ont compris que la crise économique que nous affrontons était inédite : elle est porteuse d’une crise écologique de grande ampleur. Il nous faut sortir, le plus rapidement, possible de nos dépendances au pétrole et aux autres ressources non renouvelables. La seule relance possible ne peut provenir que d’une transition énergétique et écologique affirmée.

Notre Dame Des Landes n’est pas seulement le nouveau Larzac de la gauche sur lequel Hollande, et son équipe, risque de se fracasser. Il est surtout le symbole d’une politique du passé, désuète, et pourtant vécu comme une politique de l’avenir. Quand les socialistes comprendront cela, alors ils redeviendront la Gauche. Car, on ne peut pas prétendre incarner l’avenir si on voit encore la planète comme un grand terrain de jeu à défricher. La planète, chaque parcelle qui la compose, réclame du soin et une saine gestion durable. C’est à chacun d’entre nous de le comprendre et d’aller en parler à notre entourage et à un personnel politique qui croit encore que l’écologie est un gadget, un paragraphe à ajouter à chaque discours parce que cela fait moderne.

cliché : le télégramme de Brest

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