L’asperge, une tige de plus en plus voyageuse

Adieu la belle d’Argenteuil ! Viva la chica de Posada ! Non seulement il n’y a plus d’asperges en Ile-de-France, mais surtout, aujourd’hui, une asperge sur trois provient en réalité d’Espagne. Avec environ 18000 tonnes produites l’année dernière, presque moitié moins que dans les années 1980, la française ne cesse de perdre du terrain. Seules 3000 tonnes d’asperges gauloises sont exportées, surtout vers la Suisse. En face, 13900 tonnes sont importées : d’Espagne à 61 %, puis d’Allemagne à 15,6 %.

Or les experts du WWF helvète ont calculé qu’une botte d’asperges du Mexique achetée en février a avalé 11 800 km et 5 litres de pétrole, tandis qu’une botte de Genève (Suisse), à l’étal en mai, affiche au compteur une poignée de kilomètres et 0,3 litre d’hydrocarbure.

Tout est dans le talon

Carbone mis à part, la tige, qu’elle soit verte, blanche ou violette, reste fragile. Plus elle est mangée vite, plus elle croque. Pour Patrick Cossart, de l’Association d’organisations de producteurs du légume, c’est l’atout majeur de l’asperge gauloise qui débarque sur l’étal moins de trois jours après sa récolte. Un signe qui ne trompe pas : son talon. Flétri ou ridé ? L’asperge n’est plus fraîche. D’après Patrick Cossart, la française est d’ailleurs rassemblée en bouquet et le talon est visible en gage de qualité. Tandis que les scélérates, d’Hispanie notamment, seraient enfilées dans une chaussette fermée remontée jusqu’à mi-tige.